Déjà Vu

Retroaction

Affiche Déjà Vu

Après le petit coup de mou de la très fréquentable Attaque Du Métro 123, le tonitruant Unstoppable est l’occasion de revenir sur ce réalisateur indispensable qu’est Tony Scott qui, dans son Déjà Vu, proposait déjà un spectacle pas banal.


Avec le retour de Tony Scott sous l’égide de Bruckheimer, on pouvait s’attendre à un revival des années Top Gun / Jours De Tonnerre. Un petit air de déjà-vu, en somme. Si ça pétarade toujours autant, le réalisateur semble avoir les idées beaucoup moins embrumées.

La nouvelle Orléans vient à peine de se relever de l'ouragan Katrina qu'un terroriste fait sauter un ferry, faisant 543 victimes. Un agent de l'ATF, Doug Carlin (Denzel Washington) est chargé de l'enquête. Et puisqu'il est natif de la région et doit savoir où regarder, il est enrôlé dans une nouvelle section du FBI qui utilise un procédé révolutionnaire qui donne la possibilité de voir ce qu'il s'est passé quatre jours et six heures avant. Seul problème, les enquêteurs n'ont droit qu'à une seule vision. Impossible de reculer ou d'avancer à l'envie, seuls les changements d'angles de vue sont possibles.

Où regarder ? Que chercher ? Carlin choisi de s'intéresser à la vie de la très belle Claire Kurchever (Paula Patton), retrouvée morte et à moitié brûlée, mais une heure avant l'explosion. A force de scruter ses moindres faits et gestes, il va en tomber amoureux, cherchant à en savoir toujours plus et va de fait nourrir comme ambition impossible de pénétrer dans sa vie, passer de l'autre côté de l'écran... Et si Claire peut ressentir la sensation d'être observée, ne serait-il pas envisageable de la prévenir, d'envoyer un message voire mieux de se transporter de "l'autre côté" ?Plus qu'une machine permettant de visionner passivement ce qu'il s'est passé les quatre jours précédents, c'est en fait une fenêtre sur le passé qui peut être entrouverte l'espace d'un instant.

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Si le pitch est alléchant et l'intrigue bien construite, il faut tout de même déplorer quelques incohérences dans certaines réactions du héros. Mais peut être est-ce dû aux fluctuations temporelles engendrées par son escapade, allez savoir ! De même, on peut regretter les nombreuses explications à répétitions sur le fonctionnement de la machine. Mais franchement, cela reste des points de détails tant Déjà Vu amorce le retour de Tony Scott à ce qu’il sait faire le mieux : des œuvres vouées au plaisir immédiat des spectateurs, sans fioritures et humbles. Surtout, le plus doué de la fratrie Scott ne se contente pas de poser sa caméra et de couvrir ses cadres sous tous les angles. Certes, il semble réfréner ses ardeurs expérimentales (longues focales à tout va, lumières et couleurs saturées avoisinant le trip hallucinogène, découpage du récit frisant parfois la crise d'epilepsie, etc.) dont Domino était le plus illustre représentant, mais il ne s’interdit pas pour autant quelques petits plaisirs formels et fait de la mise en scène le vecteur primordial des émotions et de l’action. A ce titre, la géniale séquence de poursuite en bagnoles à cheval ente deux temporalités et proposant deux régimes d’images simultanément à l’écran est proprement hallucinante d’ingéniosité et de virtuosité.

Le film est peut être produit par Bruckheimer, ce chantre du film d’action décomplexé et sans cervelle (Rock, Armageddon, Les Ailes De L’Enfer ou Bad Boys II sont particulièrement éloquents à ce sujet) mais Tony Scott impose son style. Désormais, l’intérêt ne réside plus seulement dans les décors explosant toutes les vingt minutes mais dans l’affection ressentie pour les personnages. D’accord, on est pas non plus en présence d’une caractérisation subtile mais l’empathie pour les héros fonctionne plutôt bien.

Déjà Vu
 

Mais le véritable intérêt du film est de voir l’agent Carlin effectuer le rêve de tout fan de cinoche, arriver à pénétrer et influer sur le film qui se déroule devant lui. Au départ, il se contente de modifier les angles de vision instantanément agissant en véritable démiurge. Et puis, sa fascination pour ce qu'il voit l'amène à tenter de rentrer carrément dans l'écran. Alors que dans La Rose Pourpre Du Caire, le personnage de Woody Allen y parvenait de manière poétique (il était carrément interpellé par l'héroïne de la fiction), ici le procédé est plus technologique.
Alors qu'au départ le personnage de Denzel Washington se contentait, grâce aux changements d'axe de la caméra, d'une analyse de la surface (plane) de l'image, petit à petit il recherche une vérité dans la profondeur de champ. Et si cette recherche de la profondeur était rédhibitoire dans le Blow Up d'Antonioni et dans Les Frissons De L'Angoisse de Dario Argento, elle s'avère ici décisive et opportune. Déjà Vu pouvant être considéré comme une extension moderne de Blow Up puisque le film de Tony Scott répond à la question sous-jacente dans celui d'Antonioni "Que se passerait-il si Thomas arrivait à passer à l'intérieur de la photo qu'il a prise et qu'il analyse ?"
Mais après, libre à chacun de penser que Tony Scott ne sait que filmer en longue focale les voitures explosant dix mètres en l’air…


DÉJÀ-VU
Réalisateur : Tony Scott
Scénario : Bill Marsilii & Terry Rossio
Producteurs : Jerry Bruckeimer, Terry Rossio, Ted Elliot, Mike Stenson, Chad Oman...
Photographie: paul Cameron
Montage : Jason Hellmann & Chris lebenzon
Bande originale : Harry Gregson-Williams
Origine : Etats-Unis
Durée : 2h06
Sortie française : 13 décembre 2006




   

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