2010

De der

2010 !

"Bon, on fait quoi pour en finir avec 2010 ?" A cette question, aucun membre de L'ouvreuse ne trouva de réponse satisfaisante : pas d'idée d'article original ni de classement inédit, et surtout pas de réelle motivation pour condenser nos divers ressentis en deux feuillets maxi.

En résulta une discussion spontanée sur la façon dont chacun avait nourri sa passion du 7ème Art au cours de cette année.

Nous nous sommes dit, un peu narcissiquement, que cela pouvait intéresser un ou deux lecteurs. Nous vous livrons ainsi le résultat in extenso. Après tout, sur le Net le papier ne coûte pas cher !
Bon courage pour la vingtaine de pages qui va suivre, où souvent 2010 ne devient qu'un lointain sujet, où quelques marottes refont surface, mais qui, on l'espère, vous donnera une idée plus ou moins correcte de notre perception des 365 derniers jours ciné de la décennie.


PIERRE

2010 a été pour moi une belle année cinéma. Pas tellement grâce aux sorties en salle - c'est une année moyenne, sans plus - mais aux vieux films que j'ai eu le plaisir de découvrir. Je pense surtout aux Innocents de Jack Clayton. C'est la source vive de grands succès artistiques récents tels que Les Autres ou encore L'Orphelinat. Tout y est. A ranger aux côtés des incontournables que sont L'Exorciste ou encore le merveilleux Ne Vous Retournez Pas de Roeg. La délicatesse de la direction artistique, la subtilité de la narration, le jeu proprement fabuleux des (très) jeunes acteurs (mais bon dieu, où sont-ils aller les pêcher ?). Une sorte de perfection faite film.
Mais aimer le cinéma, c'est aussi aller creuser dans des directions qu'on ne connaît absolument pas. Les Wu Xia Pian par exemple. Bien sûr, j'en avais déjà vu un ou deux, pas beaucoup plus. 2010 a été pour moi l'occasion de me lancer dans une frénésie d'achats de DVD de films s'inscrivant dans ce genre si particulier. Et c'est QUE DU BONHEUR. J'ai ainsi vu une bombe atomique, Le Sabre Infernal de Chu Yuan. Visuellement, c'est divin.

Le Guerrier Silencieux
Le Guerrier Silencieux


NICO B.

Pour ma part 2010 est une année qui avait sacrément commencé (Gainsbourg (Vie Héroïque), Mother, Le Livre D'Eli, Shutter Island, A Serious Man, Le Guerrier Silencieux, La Merditude Des Choses, Coco Chanel & Igor Stravinsky, Fantastic Mr Fox, Agora), et s'est rudement calmé par la suite…
Toutefois pour une année assez moyenne, c'est étonnant ce record de fréquentations des salles, surtout avec le PIRATAGE.

SEB

Meuuu nan nicco, c'est parce que les gens ne PIRATENT plus depuis Hadopi. Ils utilisent leur 28 Mégabits pour aller sur TF1.fr et jouer au poker.
Sinon j'ai trouvé que le cru 2010 était un bon cru, ni plus ni moins. Par contre j'ai vu beaucoup moins de films que les années précédentes, ceci explique peut-être cela...

PIERRE

Bonne question, tiens, d'ailleurs.
Combien de films avez-vous vu cette année ? Vaut-il mieux privilégier la qualité (aller voir relativement peu de films mais les sélectionner drastiquement avant de se déplacer) ou bien la quantité (essayer de TOUT voir pour se ménager de meilleurs points de comparaison) ?

NICO B.

Comme tous les ans, j'en ai vu environ 120 (deux par semaine en moyenne + rattrapage avec sorties vidéo).
J'essaie de voir un peu tout, de satisfaire à la fois mes envies et de me faire une opinion sur les films dont tout le monde parle. Ô étonnement, mes films préférés de 2010 font partie de la première catégorie. Année après année, le nombre de films de la seconde catégorie me laissant un bon souvenir diminue. Cela voudrait-il dire que le fossé continue de se creuser entre moi et les médias ciné ? Héhé !
Les trois meilleurs films de l'année d'après la presse sont Oncle Boonmee, Toy Story 3, Inception : sur trois, on a deux exemples extrêmes des mamelles cinéphiles : un film de festival intimiste chiant comme la mort (ou Film d'Auteur Académique) et un blockbuster un peu concon sur les bords, tous les deux vendus comme le sommet de leur genre respectif. Ce n'est pas un hasard, juste cette superficielle diversité qui s'exprime. Au milieu vient se greffer le Pixar annuel, ce qui n'étonne personne.
Et puisqu'on parle d'obligation "identitaire", la réception de Le Quattro Volte ressemble pas mal à de l'hystérie quand même. On s'est jeté dessus comme la famine sur le monde, visiblement soulagé qu'un film un peu arty/rétro vienne aider à compléter les tops à la dernière minute après la déception du poulain hype Sound Of Noise (le distributeur avait mis les moyens pour faire croire que, mais non, vraiment trop has been pour faire illusion, lui). Le Quattro Volte, c'est un peu une resucée de Playtime avec des chèvres !

Les Cahiers Du Cinéma De plus il y a pas mal de très bons films qui sont passés inaperçus : Dans Ses Yeux, Scott Pilgrim, MacGruber, Accident, Rudo Et Cursi, Moon, Captifs... Ok, on aurait dû en parler nous aussi, mais comme je l'ai expliqué cet été dans l'édito, le temps nous manque grave. Alors quand on voit des pros en perdre autant pour nous répéter que Film Socialisme, Copie Conforme, In The Air, Alice Aux Pays Des Merveilles sont des grands films, y a de quoi sombrer dans la perplexitude...

Vraiment ce que je regrette le plus cette année, c'est justement d'avoir moins eu de temps pour mieux défendre ces films très réussis dont peu parlent car ne rentrant dans aucune case, ne faisant parti d'aucun buzz savamment distillé.











NICO M.

Ha ben +1
Je me rappelle d'un coup de téléphone que je t'ai passé l'année dernière à la même période. Je sortais de la projo de Coco Chanel & Igor Stravinsky et je ne tarissais pas d'éloges sur le film, notamment ses vingt premières minutes MONSTRUEUSES.
Le film est passé totalement inaperçu, s'étant fait damer le pion par le machin d'Anne Fontaine. Tu avais annoncé vouloir écrire dessus. Puis j'ai promis une chronique vidéo en guise de rattrapage. Ça ne s'est pas fait non plus. Par manque de temps. Le problème, c'est que j'ai la sensation qu'on se retrouve un peu piégé par l'actualité. Qu'on le veuille ou non, si on n'est pas dans l'actu, ça n'intéressera personne. Si on a envie de dire "Découvrez le dernier film de Kounen, ça vaut le détour !", il faut le faire au moment de la sortie en salle ou de la sortie DVD/Blu-ray. Sinon, le lecteur zappe, ce titre ne lui dira rien de particulier. Je ne vise pas spécialement tout le lectorat de L'ouvreuse mais les faits sont là : quand on balance un texte sur un gros trucs dans l'actu, ça engendre du clic et du commentaire. Quand on prend le risque d'évoquer un vieux film ou un truc pas encore sorti, ça inspire de l'indifférence.

NICO B.

Avec Coco Chanel & Igor Stravinsky on a une belle illustration de la façon dont est traité un film selon l'image de son auteur… Sad... J'espère avoir bientôt le temps de revenir dessus, histoire de montrer que Kounen a de réelles ambitions de cinéma, parce que le machin de Fontaine, mmm…

Au-delà des questions de temps, il y a aussi de très bons films comme Mammuth ou When You're Strange devant lesquels je serai incapable de dire quoi que ce soit, que j'apprécie énormément mais dont je sais que je trouverai pas les mots pour sortir un article satisfaisant. Alors plutôt que d'écrire un papier médiocre avec poncifs et impressions personnelles à la con, je préfère ne rien dire. Mais du coup je le regrette aussi. Peut-être devrai-je me forcer pour l'année qui vient, mais ça n'arrangera en rien le paramètre du temps.

NICO Z.

Ah oui, Dans Ses Yeux était vraiment excellent. De ne pas avoir pris le temps d'en faire une chronique est un de mes gros flop personnel de l'année. On peut toujours l'évoquer pour la sortie du DVD ou en faire une bonne grosse analyse mais c'est vraiment au moment de son exploitation que j'aurai aimé en dire le plus grand bien. De même, je voulais faire un papier sur le dernier Polanski, The Ghost Writer que j'ai vraiment beaucoup apprécié. Mais par manque de temps, de connaissance de ce réalisateur, j'ai préféré m'abstenir plutôt que de pondre un texte sans saveur ou inintéressant. Mais comme tu le rappelais nicco, on n'a pas forcément le temps libre nécessaire pour faire tout ce que l'on désire. Ou même d'aller voir des films. Cette année, j'en aurai vu une petite soixantaine en salles et me suis tourné vers le DVD pour quelques séances de rattrapages (Les Barons, notamment, vraiment très bon) et le téléchargement pour les films à l'affiche en coup de vent (comme le désopilant Black Dynamite).
J'ai essayé de privilégier la qualité sur la quantité et cela a plutôt pas mal fonctionné puisque j'aurai réussi à voir plus de bons que de mauvais. Cependant, j'aurai aimé dégager du temps pour découvrir des Rudo Y Cursi, Oncle Boonmee, Rubber et voir plus de films français. Okay, là c'est sans doute mon côté masochiste qui ressort…
Une de mes grosses satisfactions de l'année est venue de ma fille. Elle a 7 ans et pendant une semaine, elle s'est passé en boucle le DVD d'Avatar. Version ciné, version longue... Elle a dû le voir une dizaine de fois. Jusqu'à en reproduire des dialogues et les attitudes des personnages. Mais le plus intéressant était d'essayer de lui faire comprendre certaines subtilités pas évidentes pour des gamins de cet âge (projection de la conscience de Jake dans le corps d'un avatar, la divinité Eywa, les liens unissant les Na'vi à leur environnement, etc.). Et c'est ça aussi que j'adore dans le cinoche, parvenir à ce genre d'échanges, partager sa passion, discuter un point de vue, parvenir à l'imposer... Non, pour ce dernier point je déconne.

Coco Chanel & Igor Stravinsky
Coco Chanel & Igor Stravinsky


NICO B.

J'ai trouvé The Ghost Writer vraiment trop fade et passe-partout, prototype du thriller hollywoodien pour soirée de TF1. A peu de chose près on dirait du Branagh.
D'ailleurs un autre cinéaste que j'aime beaucoup m'a bien déçu cette année : Solondz et son Life During Wartime. Mon Dieu que c'était naze ça. On aurait dit un mauvais cinéaste essayant de le singer. J'espère que c'est seulement passager.
Dans une moindre mesure, le Kaboom d'Araki me laisse totalement insensible. Son précédent était nettement plus fou et intéressant, mais c'est Kaboom que la presse a choisi de déifier.
Bon, je ne parle pas d'Oliver Stone, depuis qu'il a arrêté la drogue y a un truc qui va plus dans son cinéma.

NICO M.

Plus les années passent, moins je vois de films au cinéma. Cette année, je suis descendu à précisément 52 films vus au cinéma, soit une jolie moyenne d'un par semaine. Il y a plusieurs raisons à cela : une actualité pas très emballante, un esprit critique affiné aux fils des ans, un manque de temps... Contrairement à jadis, je n'ai plus le besoin de TOUT voir. Je sais déjà faire le tri en amont. Je n'ai plus besoin d'aller voir L'Apprenti Sorcier pour savoir que ce sera de la merde. Tout comme la bande-annonce de La Vie Au Ranch suffit à me donner envie de fuir loin de ces pisseuses hystériques qui beuglent pour se faire remarquer. Je ne nie pas qu'une curiosité malsaine ne prend pas parfois le dessus mais c'est nettement moins fréquent.
L'essentiel de mes choix se tourne désormais vers des "valeurs sûres" qui, à défaut d'être constamment au top, auront au moins une vision de cinéaste à défendre. C'est parce que je les suis depuis leurs débuts que je me suis rendu en salle pour voir les derniers films d'Alejandro Amenabar, Peter Jackson, David Fincher, Gaspar Noé ou Pixar. Il y a aussi des réalisateurs que j'ai adorés par le passé et qui, depuis quelques années, font un peu n'importe quoi. Voir leur déchéance progressive à quelque chose de fascinant (M. Night Shyamalan, Tim Burton, Oliver Stone).
Mais je ne reste pas bornés à de seuls noms connus. Je m'aventure parfois vers des petites curiosité, soit parce que la bande-annonce ou le sujet ont retenu mon attention (essentiellement des documentaires, du génial Faites le Mur à Nénette en passant par Cleveland Contre Wall Street), soit parce qu'un buzz critique ou public entoure la sortie du film (Buried, Des Hommes Et Des Dieux), soit parce que des personnes que je porte en haute estime ont su m'orienter vers des trucs que je n'aurai pas forcément vu.

Je pense qu'en devenant de plus en plus sélectif, j'ai accordé sans doute plus d'importance aux films découverts ou redécouvert dans mon salon, que ce soit des films téléchargés (la série des Baby Cart, les sulfureux Ilsa), des chef-d'oeuvres restaurés en haute définition (Docteur Jivago, Le Pont De La Rivière Kwaï, Baraka, Minority Report, L'Exorciste ENFIN disponible dans son montage d'origine) ou des inédits en salle enfin accessibles (Wild Side nous aura enfin édité Zack & Miri, Halloween 2 et Mandy Lane : champagne !). Ayant la chance d'avoir un écran HD conséquent et un home-cinema surpuissant, le fait est que j'ai une qualité d'image et de son souvent suppérieurs au cinéma.

Halloween 2
Halloween 2


GUENAEL

120 films de cette année ! Mais t'es pas loin du décollement de la rétine.
J'ai pas compté mais je fais moit' / moit' sur les vieux films et les nouveautés de l'année, en lorgnant plus depuis trois ou quatre ans sur les premiers. Pendant quelques années, j'allais voir à peu près tout et n'importe quoi qui sortait parce que j'avais le temps mais aussi par soucis de toucher à tous les genres possibles et rentabiliser ma carte UGC. Ce qui faisait que je voyais un bon paquet de films juste moyens et quelques sacs de merdes indéfendables pour un petit 25% de bons et très bons films.
Maintenant je limite pas mal ce que je vais voir au ciné, on doit atteindre au max sept films au meilleur des mois, avec certains que je vois plusieurs fois. Quand j'ai moins le temps ça peut atteindre un par semaine. Le résultat est que je vois plus de bons films, pas forcément de très bons mais au niveau des flops j'aurais pu faire bien pire cette année, les déceptions se trouvant surtout du coté des blockbusters. Je commence à être un peu réfractaire à certaines recettes.

Sinon, déçu par la vague 3D de cette année qui m'a strictement rien apporté en terme de ressenti et d'implication. Le meilleur représentant a été Dragons mais à part lui (et le Resident Evil qui avait le mérite d'en mettre plein la vue), ça ne valait pas le prix des lunettes. Aucun vrai gros choc cette année, ce qui mérite d'être signalé car chaque année j'en ai au moins un. Il y a une poignée de bonnes surprises qui ont laissé un souvenir, des films qui ont gagné ou qui gagneront sans doute aux revisionnages. C'était déjà le cas pour Lovely Bones et Toy Story 3. A voir pour les autres de la liste.

NICO M.

Tu sais que je t'en veux encore d'avoir écris l'article sur Lovely Bones ?
Pour ce film là, je ne sais pas trop ce qu'il s'est passé. L'espèce de dédain public et critique m'a laissé pantois. Même sa réception chez nous a été assez froide puisqu'à part toi et moi, il me semble que personne n'a été emballé par le film.
Dans le même genre, le bide cinglant de Scott Pilgrim vient confirmer, après Speed Racer, que les geeks ne constituent pas une base de spectateurs assez vastes pour assurer un succès. Et ce ne sont sûrement pas les geeks de supermarchés qui viendront me contredire (je pense notamment à ma soeur brandissant à Noël son nouvel iPhone avec plein d'applications à la con, se vantant d'être une pure geek puis me demandant étonnée "Heu c'est quoi au fait ce Scott Pilgrim dont tu parles ?").

Dans un autre registre, je me suis aperçu avec amusement (et une pointe d'inquiétude) que trois des films que j'ai préféré cette année traitent de l'acceptation de la mort, de la nécessité de lâcher prise pour pouvoir avancer. Ces trois films, assez différents dans leurs styles, sont Toy Story 3, Lovely Bones et Enter The Void. J'ai vu chacun de ces films à plusieurs reprises (parfois dans la même semaine, notamment le Gaspar Noé qui a fini par m'obséder alors qu'il m'avait fait baillé la première fois). Ces trois films traitent d'ailleurs de la fin de l'enfance. Une innocence volée, la fin d'une époque, un refuge onirique, des "au revoir" douloureux... Je ne sais pas si cette idée est très contemporaine vis-à-vis des dérives planétaires mais je trouve le rapprochement amusant.
Dans un autre style, deux films que je n'ai pas spécialement apprécié et qui ont valu à leurs auteurs d'être portés aux nues : The Ghost Writer de Polanski et Shutter Island de Scorsese. Pas que je trouve ces films catastrophiques mais dans les deux cas on a des réalisateurs qui radotent sur leurs obsessions et choisissent d'adapter des récits se situant sur une île. Comme s'ils avaient décidé de faire du cinéma en autarcie, en s'enfermant sur un îlot bien à eux, sans aucune nouvelle terre à explorer.

NICO B.

Bien vu. Et comme tous les ans, on se rend compte qu'il y a un paquet de films dont on loue la grande réussite qui se trouvent oubliés au moment des bilans. Pour n'en citer que quelques uns : Precious (le grand outsider des Oscars, plus personne n'en parle dix mois après ?), Alice Aux Pays Des Merveilles, Green Zone, Tatarak, La Vie Au Ranch...

Precious
 


PIERRE

Ha tiens, Lovely Bones, justement. Une de mes toutes grosses déceptions de l'année. Il reste bien entendu des bons, de très bons moments. Je pense en particulier à la scène du crime. Aux vingt premières minutes, en fait. Mais la romance entre la jeune héroïne et son beau poète sonne horriblement faux. D'autre part, et bien plus important selon moi, Jackson se vautre complètement dans son approche du deuil. Quant à sa vision de l'au-delà de la jeune fille, je la passerai aimablement sous silence. Bref, c'est carrément insuffisant pour le sujet choisi. Ajoutez à cela que j'avais trouvé King Kong très, très anecdotique, et ça m'amène à me demander si Tintin sera la grande oeuvre annoncée. Heureusement la présence de Spielberg a tendance à me rassurer.
Pour Scott Pilgrim, il n'y a selon moi rien d'étonnant dans le fait que cela se soit planté. Marketing de merde + distribution en dépit du bon sens + film déjà vu par son public cible réel = échec fort prévisible. Pour ma part, ce qui m'a surtout surpris, c'est que pas mal d'amateurs de cinoche se soient tellement emballés pour ce qui reste le film le plus faible de son auteur. Le manque de fond est criant, l'implication émotionnelle envers les héros est problématique et la conclusion éminemment bancale du récit m'empêche de le placer ne fût-ce que dans mon top 10 de l'année (même si je suis le premier à reconnaître le côté extrêmement fun de l'ensemble!).
Pour Ghost Writer, je suis partagé. Il y a plein de défauts, c'est certain. La lenteur abominable du récit en est un des plus prégnant. Mais j'ai beaucoup apprécié l'intrigue. Et McGregor (comme la plupart du cast d'ailleurs) joue juste.

GUENAEL

Désolé Méro dès qu'il y a un Jackson je me précipite dessus.
Lovely Bones
n'est pas parfait et c'est pas ce que Jackson a fait de mieux mais il propose des choses qu'on ne verra pas autre part. C'est un des seuls films de cette année que je me suis pris dans la gueule sans réfléchir, sans me demander "Cette scène elle fait pas un peu mélo ?" "Et ça est-ce que c'est réaliste ?" "Bon c'est quand qu'on passe à la suite ?"... C'est à mon sens ce que doit proposer le cinéma, abaisser totalement les défenses du spectateur pour le faire pénétrer dans le monde (ou le point de vue) qui est proposé et te faire réagir. Bien sûr on attend du film un minimum de cohérence et de l'originalité, de bonnes idées bien emballées avec mais ça ne sert à rien si l'effort du réalisateur et de l'équipe du film ne permet pas la première chose.
Après il y a la réception du truc. Je le vois par exemple avec les critiques de Vendie, ton point de vue et ton expérience du monde rendra un film plus parlant qu'un autre. Jackson te propose son truc, il a une idée précise de ce qu'il fait et de comment l'exécuter. Ca donne des scènes magnifiques, d'autres qui peuvent tomber à plat et même paraître immondes mais si tu penses déjà ça c'est que t'as reçu le film.
Ça peut paraître simple mais la quasi totalité des films que j'ai vu cette année en salle, il fallait s'accrocher aux branches et user d'indulgence pour dénoter quelques bons trucs ça et là. Il n'y a que quelques films qui m'ont procuré une telle immersion, de sorte que j'ai eu des réactions vives en sortant, et ils se retrouvent dans mon top. Par contre ces moments je les ai eu à chaque film que j'ai vus lors la rétrospective Lubitsch et, dans une (très) moindre mesure, quand je matte un film chez moi des 80's, 90's ou avant. Même si c'est très moyen je remarque l'effort pour rendre accessible quasiment à tous les coups, pour provoquer un stimulus qui sera en grande partie reçu. Je me demande parfois s'il n'y a pas eu un glissement, si on juge plus les films pour ce qu'ils disent et ce qu'ils représentent que pour ce qu'ils sont. Beaucoup ont peut-être été quelque chose pour le cinéaste qui les a pondus mais il a oublié qu'il avait un public. Et au final ça contribue à subjectiviser énormément de choses, parfois jusqu'à ce dont le film parle lorsqu'on nous livre un truc foutraque avec trouze milles héros. Tout ça pour dire que ça fait toujours plaisir de voir un Jackson, un PIXAR ou même le petit film d'un certain Duncan Jones (pas si certain que ça vu de la lignée d'où il vient) qui n'a pas fait de bruit (mais qui a été apprécié par pas mal ici) et qui a le mérite d'être ce qu'il est. J'espère que je me fais comprendre.

NICO B.

En parlant de Duncan Jones, quelles sont vos révélations de l'année ? De mon côté : Gabe Ibanez avec Hierro, Juan José Campanella et Dans Ses Yeux, Cattet & Forzani pour Amer (oui je sais, je me sens seul sur ce coup-là), Yann Gozlan et Captifs (bizarre que les meilleurs bandes de genre français soient les moins médiatisés...), le déjà cité Duncan Jones avec Moon (en direct-to-DVD... Encore une grande inspiration des distributeurs, qui sont aussi passés à côté d'un Pontypool aussi raté que fascinant), et surtout la grosse surprise Tom Ford et son A Single Man ! Avec Un Discours D'Un Roi qui arrive et semble très prometteur, Colin Firth est entrain de se bâtir une jolie filmo sur le tard. Pas facile quand on est le sosie de Francis Huster.
Ce que j'ai apprécié cette année c'est voir des artistes non-cinéastes venir foutre la zone dans la grande famille du cinémâh. Outre Sfar et son formidable biopic sur Gainsbourg, je pense à Tom Ford, Banksy et l'absolument génial Faites Le Mur, Dupieux et un second film discutable mais qui proposait quelque chose (puis beau !), Chris Morris et le mockumentaire Four Lions…

NICO M.

Pour
Cattet & Forzani, tu crois que je les ai interviewés parce que mon coiffeur était fermé ?

Precious
 


PIERRE
Je me rends compte que je n'ai pas été aussi souvent au cinéma que vous, loin de là. J'ai vu 50 films en salle, et je me suis rattrapé sur une demi-douzaine de sorties de 2010 en vidéo, que cela soit en location DVD ou bien en VOD.
La VOD a été un de mes grands pas de 2010, d'ailleurs. Et peut-être un faux pas, en fait. Je ne sais pas vraiment quels sont les réseaux disponibles en France. En Belgique, nous avons deux réseaux principaux, VOO et Belgacom TV (une des branches de la firme semi-publique des télécoms Belges, Belgacom). J'ai opté pour Belgacom TV. Première constatation : la pauvreté du catalogue. Le distributeur tente bien de cacher un peu sa misère en faisant figurer les mêmes films dans différents genres, mais personne n'est dupe. Cela occasionne aussi des absurdités (un exemple entre mille : retrouver Les Incorruptibles en "drame" mais pas en "policier"). Autre chose : il n'y a quasiment jamais aucun film présenté en VO. Et pour couronner le tout, ils ne proposent dans l'immense majorité des cas que des blockbusters, et pas les meilleurs (pléonasme).
Par contre j'ai déniché un petit magasin de DVD dans ma ville. La devanture ne paie pas de mine, mais c'est une véritable mine d'or tenue par un grand passionné. J'y ai acheté une montagne de DVD et me suis lancé dans l'exploration de genre que je ne connaissais que vaguement : les westerns, les wu xia pian, les policiers "classiques", les films Noirs, les polars italiens des années de plomb. Et c'est extrêmement enrichissant de découvrir ces trésors, ces sources vives.

Sinon, d'accord avec nicco concernant les occasions manquées des distributeurs : la confidentialité de trucs comme Moon ou bien encore Pontypool (qui, rien que par l'originalité de son propos dans un genre en train de se scléroser, méritait une sortie salle) est purement et simplement incompréhensible. Je regrette par contre d'avoir loupé certaines bandes comme A Single Man (et ce n'est certainement pas via la VOD que je le verrai celui-là...) ou encore Dans Ses Yeux.

Dans Ses Yeux
Dans Ses Yeux


NICO Z.
On devrait essayer de faire quelques chroniques de documentaires parce que certains très intéressants passent inaperçus et / ou ont une diffusion restreinte.
Après, concernant, les articles consacrés à des vieux films ou séries, je ne pense pas que l'absence de commentaires traduise une certaine indifférence. Faut regarder le nombre de "clics". Bien sûr, ils génèrent moins d'intérêt que les trucs récents mais le fait que peu de personnes réagissent est, je pense, dû au fait que les lecteurs ne connaissent pas l'oeuvre en question et voudrait d'abord la voir pour peut être laisser un com' après et / ou lire la chronique. Perso, je vais attendre de voir The Wire ou Le Limier pour aller lire la prose de Simidor. Ça risque de prendre un certain temps mais c'est aussi ça l'avantage d'Internet, c'est que tu peux archiver des liens anciens, il n'y a pas de date de péremption ou de prescription.
Et peut être aussi que sur ces articles en question, il n'y a peut être pas forcément matière à commenter puisqu'ils sont bien argumentés. Peut être ne ressentent-ils pas le besoin de se contenter de banalités. Mais c'est vrai qu'un petit merci fait toujours plaisir...

GUENAEL

Ouais c'est le serpent qui se mord la queue. On essaie d'éviter le plus possible les spoilers pour faire découvrir le film ou la série mais il faut aussi une analyse un minimum argumentée. On jongle constamment entre l'un et l'autre quand on fait un article. Mais je pense que ça doit être le problème de tous les journalistes ciné. Pour ce qui me concerne, je me fais violence sur les spoilers (et aussi pour écrire des articles moins longs, ce qui évite au lecteur de penser a priori qu'il y en aura), mais pour les rétros et analyse c'est quasi impossible.

NICO Z.

C'est moins la peur de voir révéler des moments clés d'un film ou d'une série qui me force à remettre à plus tard la lecture d'un papier que l'envie de me faire d'abord ma propre idée sur l'oeuvre en question et voir ce qu'un autre en pense, comment il l'a reçu, perçu, analysé.

GUENAEL

Je me rends compte qu'on a dévié du sujet. C'est un confessionnal !
J'aimerai bien lire la critique de nicco sur Pontypool. La manière dont il a reçu le film m'intrigue.

NICO B.

Il faudrait que je le revois d'abord. Mais un film qui énerve à ce point ne peut pas être mauvais. Etrange expérience…

PIERRE

Pour en revenir au nombre de films vus en salle cette année, depuis 2002 l'augmentation était constante (mais était très loin d'atteindre vos chiffres !). Cette année, cela a un peu baissé. Comme pour beaucoup, je suis coincé par le manque de temps. Les journées ne font que 24 heures. Le boulot + le couple + la famille + les amis + les sorties hors cinéma = plus le temps de se poser pour mater un bon film. Et encore, je n'ai même pas d'enfants !
Et en fin d'année, je me suis rendu compte que l'écriture me manquait. Je m'y suis donc remis. C'est devenu une sorte de défi perso : je devais savoir si je pouvais encore y arriver, d'où mon papier sur Hard Times. Je tiens à vous rassurer, il sera suivi de plein d'autres. J'ai d'ailleurs une idée sur une manière d'aborder Kill Bill qui vous intéressera peut-être... Je vous en reparlerai. En fait, j'ai plein d'idée de papier et l'envie de les matérialiser est bien là.

Au niveau de mes choix salles, il n'y a pas vraiment de règles. Les blockbusters ont néanmoins tendance à de plus en plus me décevoir. Quoique non : je pense que la déception s'est progressivement effacée (vu que je n'en attends plus rien, on ne peut plus vraiment appeler cela une "déception") et s'est doucement transformée en irritation. Irritation devant les recettes toutes faites. Colère contre les facilités scénaristiques. Dégoût devant la machine promotionnelle. Sur les "grosses" sorties de cette année, seuls Toy Story 3 et évidemment The Social Network m'ont réellement convaincu (évidemment, il y a Dragons, mais je ne pense pas qu'on puisse vraiment le qualifier de "grosse" machine vu la promo débile concoctée par Dreamworks). Et encore une fois, pour ces deux films, pas de surprise : c'est du Pixar et du Fincher.

Je partage le sentiment de Simidor sur le phénomène 3D. J'avais apprécié Avatar, bien sûr, mais je ne l'avais pas estimé être un chef-d'oeuvre, loin de là. A mon sens, seul Dragons est parvenu à réellement s'approprier totalement ce procédé pour le transfigurer.

Concernant notre débit rédactionnel, c'est tout à fait normal d'avoir les regrets de ne pas avoir pu parler de nos chouchous comme nous l'aurions voulu. Quelque part, c'est rassurant. On a tellement apprécié ces films qu'on n'a pas voulu en donner un sentiment faussé via un papier incomplet. Bref, nous redonnons cette dimension du "temps" à nos papiers. Ce n'est pas une course. Malheureusement, la faible quantité de commentaires sur les papiers de rétroprojection (sur les analyses de Simidor par exemple) a tendance à montrer que le lectorat s'intéresse surtout à l'actu et dans une certaine mesure qu'à ça. Dommage.

Ebert
 


GUENAEL

Pour les articles, je préfère m'appesantir sur ce qui ne fait pas de bruit. Je suis un grand fan de Dr. House, je pourrais chroniquer les saisons, ça ne paie pas de mine mais est-ce que le Dr. House a besoin de moi ? Est-ce que le Dr. Who, qui n'a même plus le luxe d'une édition française et qui est massacré à tous les étages dans notre pays parce que la plupart préfère son spin off médiocre n'a pas plus besoin d'un coup de pouce, comme le cas de The Wire qui acquiert petit à petit un succès d'estime mais qui n'est toujours pas relayé comme il le faudrait. Pareil pour Inception, que j'ai trouvé génial mais qui a connu un relatif consensus. Bien sûr de temps à autre ça fait plaisir de parler d'un petit Clint. Ça fait aussi plaisir de faire découvrir certains classiques. Pour répondre à Vendie, merci pour ta remarque, même si les réactions ne sont pas le but. Le but est de donner accès de la meilleure des manières à ce qui est inaccessible et qui pourrait parler à des gens. D'ailleurs j'ai dû foutre certains curieux dans la merde parce que Le Limier n'a même pas d'édition française. Il faut se rabattre sur l'édition anglaise à sous-titres anglais. Comment voulez-vous que quelqu'un découvre le film comme ça ? A moins d'être comme moi et d'avoir eu la chance de tomber dessus un dimanche soir sur France 3 grâce à Patrick Brion et son ciné-club (merci encore à lui). Sinon j'ai pas écrit pendant un paquet de temps cette année parce que les articles c'est du boulot, et les rétros, pour lesquels j'ai pas mal d'idées, c'est encore deux fois plus de boulot car il faut rendre quelque chose qui mérite d'être publié et qui fera avancer le "Grand Schmilblick". Sans compensation financière pour le temps passé, les retours quels qu'il soient font plaisir et permettent de voir si ça a touché quelques personnes.

PIERRE
Ceci dit, je me retrouve dans l'état d'esprit de Zug et de Simi en ce qui concerne la relativisation du manque de réactions niveau analyses et rétrospectives. L'important est effectivement de chercher avant tout à faire connaître, découvrir (et peut-être même aimer) des choses pas forcément exposées ou célèbres mais que nous avons appréciées. Si nous avons réussi à donner envie à un seul lecteur de se mater un des films abordés ici, c'est déjà une victoire. Nous sommes au service du cinéma et pas l'inverse.

Sinon, le problème de Jackson dans Lovely Bones, c'est que justement avec un tel thème, tu ne peux pas vraiment éviter l'irruption de la subjectivité dans l'appréciation et la réception du film. Le deuil est un thème tellement délicat... Dans un certain sens, cela témoigne de l'ambition du réalisateur et de son propos, ce qui est plutôt une bonne chose (on ne va pas vraiment avoir un tel débat quand il s'agira de parler d'Iron Man 2... on n'est pas au Cercle !). Jackson ose, expérimente. Rien que ça mérite le respect.
Mais parfois, cette ambition peut se retourner contre le réalisateur. Surtout lorsque celui-ci cherche à tout prix à faire rentrer une thématique si personnelle à chacun dans un univers new age (on dira ce qu'on voudra, le visuel de l'au-delà est LE gros problème de ce film) d'une naïveté irritante. Je ne lui reprocherai jamais d'avoir essayé. Mais ici, j'ai très vite décroché du film. Ce qui pour moi est le signe d'un échec de la part de Jackson.

NICO B.

Et cette année, qu'est-ce qui vous a le plus donné envie de vous claquer le front : Rose Bosch, Cinéman et BHL, la FEMIS qui ne donne plus de cours de mise en scène, Hadopi financé indirectement par le CNC, les Points Godwin de Bégaudeau et cie, le piratage toujours pointé du doigt alors que la fréquentation des salles continue d'exploser…

GUENAEL
Ce qui m'a saoûlé c'est la discrétion sur les hausses de la fréquentation malgré le piratage, mais c'est symptomatique d'une désinformation généralisée et du fait que tout est bon pour doper une politique, même le faux. Si ce fait était clair, on arrêterait de servir l'argument dès que la question se pointe et n'importe qui pourrait ridiculiser les types qui le font. Je n'ai pas les chiffres du cinéma français mais ça m'a l'air pas mal non plus vu le nombre de films à l'affiche cette année. Dont un paquet pas forcément consensuels, qui ont pu être bien distribué (L'Illusionniste, Rubber dans la mesure où on habite à Paris, Mammuth, le Noé...).
Cinéman
et BHL se méritent mutuellement, par contre je ne suis pas sûr que la France mérite ça.

L'Illusionniste
L'Illusionniste


PIERRE

Perso, ce qui m'a fait prendre la tête entre les mains, c'est de voir qu'on pouvait oser sortir un film comme Sex And The City 2. A côté de cette horreur, on relativise tout (même Rose Bosch).

GUENAEL

Bah on s'en doutait, c'est une déclinaison bigger, faster, louder de la série. Que je hais ainsi que ce qu'elle représente (et Sarah Jessica Parker a une tête de cheval, c'est Burton qui l'a dit).

NICO B.

J'ai vu le premier film, ça m'a suffit.
Comment vous expliquez que des films et une série présentant les femmes comme des princesses à la recherche du prince charmant, qui hurlent et tapent des mains devant une paire de chaussures, un sac ou un dressing room puissent être autant épargnés par les féministes ?

SEB

En ce qui me concerne, le plus gros facepalm de l'année, je crois que c'est quand même le carton cosmique d'Alice Au Pays Des Merveilles. Là on entre vraiment dans la quatrième dimension. Même s'il faudrait relativiser ces scores et ce qu'en ont vraiment pensé les spectateurs.
De mon côté, alors que je croise encore des fans de Big Fish ou de Charlie Et La Chocolaterie, je n'ai encore rencontré personne qui ait trouvé ce film ne serait-ce que correct.

GUENAEL

Bah si t'en as rencontré un ! C'est correct Alice, pas un grand film, c'est pas au niveau de ce que Burton faisait à ses premières heures, ça passera pas à la postérité (beaucoup l'ont déjà oublié) ni dans mon lecteur DVD mais c'est largement mieux que L'Apprenti Sorcier, Robin Des Bois ou Prince Of Persia. Par contre la 3D, ben… Quelle 3D ?

NICO B.
Au-delà de la forme qui est à raquer ses tripes et d'une narration qui n'a rien à voir avec Carroll, je ne tolère tout simplement pas ce final d'un cynisme achevé où Alice s'en va conquérir le marché asiatique sur son rafiot. Là y a un fist fucking tellement gros que plus aucun doute n'est permis : Burton, c'est fini.

GUENAEL

Faisant abstraction de ce final et du fait qu'il soit fait par Burton, le film est divertissant. Et puis cette salope de capitaliste choisit un autre chemin que celui qu'elle devait prendre. C'est plus de la demi-mesure que du cynisme, on peut même dire réalisme quand il la confronte à l'image d'une personne qui a choisi de continuer de rêver. Je m'inquiéterai de voir Burton refaire Edward Aux Mains D'Argent maintenant avec ce qu'il est devenu, personnellement et dans le coeur d'une bonne partie du public. Ça serait du vrai cynisme de prétendre qu'il n'aura jamais sa place dans le système vu qu'il en fait partie, et c'est pas prêt de s'arrêter. Sur Alice on peut se sentir floué, il y a beaucoup de demi-mesures mais je ne m'attend pas à le voir refaire des films aussi riches thématiquement et aussi corrosifs qu'il a fait jusqu'à Sleepy Hollow. Le gars n'est plus le même mais il continue à faire de bonnes choses.

PIERRE

Pour Sex And The City 2, j'ai même fait coup double : j'ai vu le 1 cette année (masochisme quand tu nous tiens). Je ne suis pas encore remis du 2 : le noeud de l'intrigue (je rappelle qu'on parle d'un film qui fait 146 minutes) c'est quand même une femme mariée qui fait un bisou à un ex. Rien de sexuel, hein, juste un bisou. D'autre part, le film se passe les 3/4 du temps aux Emirats Arabes Unis et dans le désert. C'est pas comme si il y avait les mots "sex" et "city" dans le TITRE du foutu film. Ils sont obligés de confronter ces quatre hystériques aux islamistes pour réussir à trouver des gens pouvant encore être choqués par les frasques pathétiques de ces pintades.

Un truc fascinant : comptez le nombre de fois où les quatre "héroïnes" disent merci à quelqu'un et comparez au nombre de fois où on leur dit merci à elle. Ce sont des parasites, prennent tout et ne donnent rien.
La conclusion du 2 ? Ça dépasse tout : la moche Parker avoue à son mari qu'elle a embrassé un ex. Que va faire le mari ? Divorcer ? L'engueuler ? Non. Il lui achète une super bague "pour lui rappeler qu'elle est mariée vu qu'elle a tendance à l'oublier". Voilà la morale made in 2010 : trompe, on te gâtera encore plus.
Pour répondre à ta question, nicco, je pense que ce que les féministes voient avant tout dans ces films, c'est que les filles commandent. Qu'elles ont le dernier mot, qu'elles "gagnent". Qu'elles imposent leurs vues aux mecs, même si ce qu'elles disent est débile, même si ce sont des garces. Descendre ces films reviendrait pour elles à reconnaître qu'au plus profond d'elles-mêmes, elles sont irrémédiablement superficielles et mènent un combat d'arrière-garde.

Pour Alice, je suis plutôt du côté de Simidor. Je ne trouve pas ça exécrable comme tant d'autres choses vues cette année. Attention, ce n'est pas un bon film non plus. Pour le reste, faut se faire une raison : Burton s'est embourgeoisé. Avant, quand ses cheveux étaient complètement en bataille, c'était parce qu'il ne prenait pas le temps de se coiffer. Maintenant, c'est parce qu'il a passé deux heures dans un salon de coiffure pour arriver à ce résultat. Curieux de voir son prochain film quand même.
Dans une perspective similaire, je suis beaucoup plus préoccupé par la chute libre d'Oliver Stone.

Cannes
 


NICO Z.
Concernant le film de Burton, j'ai eu le même ressenti que nicco. Que Burton renie d'une certaine manière son cinéma ou du moins ces principales composantes (on ne ressent plus son amour ou affect pour les freaks et les inadaptés sociaux), ce n'est pas nouveau mais ce qui m'a choqué dans Alice, c'est la manière de rejeter violemment toute forme d'imaginaire au profit d'une vision capitaliste et conquérante... A la sortie de la salle, j'étais exaspéré par l'involution du personnage d'Alice et le retournement total de l'oeuvre de Lewis Carrol. Et de voir l'accueil critique globalement plutôt bon, voire très bon, m'a encore plus énervé. L'excellent papier de Mérovingien m'a en partie calmé (mais j'ai pas pu m'empêcher d'écrire dessus pour le blog de Versus, fallait que je l'achève !)

Quant à The Ghost Writer, j'ai aimé cette paranoïa que Polanski instille, cette menace sourde qu'il fait peser, ce sens du suspense. C'est vrai que l'on peut lui reprocher cette tendance à se replier sur lui-même, sur son cinéma, mais je trouve qu'il a plutôt bien utilisé cette île pour en faire une émanation de la déréliction mentale de son héros. En tous cas, je l'ai trouvé plus subtil que Scorsese sur Shutter Island. Cependant, même si je trouve que ce dernier est décevant venant du bonhomme, le film est super intéressant en terme de mise en scène (peut-être trop d'idées d'ailleurs. J'ai l'impression qu'il a voulu se lâcher et du coup certaines séquences traînent en longueur, s'appesantissent trop sur leur remarquable facture visuelle), et puis la dernière séquence est aussi glaçante qu'émouvante.
Pour The Lovely Bones, j'avoue avoir eu du mal avec cette représentation acidulée de l'entre-deux monde. Mais pour le reste, ça déchire grave ! La séquence dans la maison du tueur où celui-ci est attentif au moindre pet de mouche tandis que la soeur de Susie essaye de cacher sa présence était hallucinante de tension et de maîtrise. Et ce baiser final... Après avoir crée une putain de diversion avec le tueur peinant à pousser le coffre-fort dans la décharge, Jackson nous cueille comme des fleurs avec un pur moment de romantisme ! On a sans doute pas assez montré notre enthousiasme pour ce film après la succession de perles de début d'année.

Au mois de juin, j'avais commencé à préparer un instant critique sur la déprogrammation du film A 5 Heures De Paris dans le réseau alternatif des cinémas Utopia. J'apprécie l'engagement des salles Utopia (nombreuses soirées ciné + débats, le principe de la vidéo en poche, joli pied de nez à l'Hadopi) mais là, j'ai trouvé que c'était une belle connerie. A la mesure de l'emballement médiatique qui a suivi. Le 31 mai, l'armée israélienne a lancé un raid contre sept navires qui faisaient route vers les territoires occupés, avec à leur bord des centaines de militants pro-palestiniens et de l'aide pour Gaza. Et en réaction, Utopia déprogramme un film Israëlien. Imputant de fait à un artiste des décisions, des actions dont il est absolument étranger.
Evidemment, certains ont tôt fait de taxer Utopia d'antisémite et tuti quanti, quand bien même ils proposent aussi bien des films palestiniens ou israëliens. Bon, okay là, c'est un exemple extrême, extrémiste même, mais cela avait généralement suscité de vives réactions.
Dans cette affaire, tout le monde est fautif. Les médias pour avoir relayé sans discernement la polémique et l'Utopia pour avoir uniquement communiqué sur la déprogrammation... alors qu'il s'agissait plutôt d'un remplacement. En effet, à la place du film A 5 Heures De Paris de Léon Pudrovski, ils ont programmé Rachel, film de Simone Bitton, Israëlienne, qui raconte l'histoire Rachel Corrie, une jeune pacifiste américaine écrasée par un bulldozer militaire israélien dans la bande de Gaza en mars 2003, alors qu'elle tentait d'empêcher la destruction d'une maison palestinienne. L'un des bateaux arraisonnés par la flottille portait son nom en hommage.
Et comme annoncé, Utopia a fini par programmer plus tard A 5 Heures De Paris.
Je voulais finaliser un article bien cadré, essentiel pour un sujet si sensible, mais le temps m'a manqué et on était déjà passé à autre chose.

NICO M.
Alors le facepalm de l'année, moi ça reste quand même Simidor qui met au même niveau Alice de Burton, Resident Evil 4 et Avatar. Là j'avoue, j'ai rien compris.

GUENAEL

Tout est dans le tableau ! (Tu m'accordes un suprême honneur à me mettre devant Rose Bosch et BHL)

The Human Centipede
2010, l'année pivot où les rédacteurs rechignèrent à manger le POO POO


NICO M.

Sinon, pour Sex And The City 2, je crois qu'il n'y a pas que les femmes qui apprécient. Je connais un paquet d'homo qui délirent dessus. La série est d'ailleurs écrite par des gays, le film s'ouvre sur une meringue queer plus vomitif tu peux pas, les actrices ressemblent désormais à des travelos... Alors je sais pas, peut être que le côté vraiment follasse du film plait particulièrement aux nanas qui se sentent rassurés de voir l'éloge de la futilité, des strass et des paillettes, des magazines féminins qui vendent du produit pour nénettes en les brossant dans le sens du poil, en leur montrant un groupe de filles soudées et qui réfutent le cocon étouffant du mariage traditionnel.
Alors autant j'ai trouvé le film absolument puant d'idéologie réac (un film qui critique la religion musulmane et les femmes voilées pour mieux axer ses enjeux autour d'une idiote mariée qui aura simplement embrassé un de ses ex... Des femmes soumises à la pression de leur religion et qui, sous le voile, se montrent soumises à un autre diktat : celui de la mode), autant y a certaines petites choses ça et là qui m'ont paru intéressantes (la nécessité vitale pour tout être humain d'avoir sa part d'individualité hors du couple, avec l'idée d'un appartement refuge, j'ai trouvé ça bien vu). Pour avoir suivi la série, je suis quand même chagriné de voir la tournure que les évènements ont pris. Car non, avant d'être l'étendard du mauvais goût pour lectrice de Cosmo qui fantasme sur un sac Louis Vuitton immonde, l'héroïne était d'abord une nana qui vivait dans un petit appart, qui galérait à payer ses factures, qui s'interrogeait sur la valeur du conte de fée à l'époque contemporaine. Tout ça s'est perdu en route depuis un bon moment.

GUENAEL
'tain j'avais oublié le Fincher dans mon top 10. Rectifié.

SEB
Ça sent l'acte manqué !

NICO Z.
Et moi j'ai failli omettre dans mes tops A Serious Man. Sans doute parce qu'après visionnage j'étais tellement décontenancé, voire perturbé par ce film dont je ne savais pas trop quoi en penser... Je l'avais exprimé à l'époque au moment de lui attribuer "une note" pour le tableau de notations, mais c'est un film que j'ai reçu en pleine gueule un bon moment après, en en reparlant avec des amis. Ma première impression s'est affinée avec le recul.
Bon là je vais passer carrément du côté obscur mais il me semble que personne n'a vu Twilight 3 ou Shreck 4 !? Cool, on fait des progrès, on ne sent plus obligé de regarder des bouses parce que tout le monde en parle ou pour tirer sur l'ambulance.

NICO B.
J'ai vu le premier film, ça m'a suffit.

NICO M.

Si, moi j'ai vu Twilight 3. Je mourrai d'envie de savoir quelles idées nauséabondes le récit allait véhiculer auprès des adolescentes. Ça ne m'a hélas pas semblé aller beaucoup plus loin que les précédents (attendre le mariage pour le grand écart pachole, c'était déjà la conclusion du deuxième épisode).
J'avoue que la curiosité de voir David Slade aux commandes a joué un peu aussi (le mec n'est clairement pas un grand réalisateur mais c'est un technicien qui connaît son boulot). Hélas, à part quelques plans un peu plus torchés que la moyenne, pas grand chose à se mettre sous la dent. Et la looooooooooongue préparation au climax abouti à un affrontement de soixante secondes montre en main.

Twilight 3
 


PIERRE
Effectivement, j'ai zappé Twilight 3 mais bon, comme je n'ai pas vu les deux premiers, j'avais peur de ne pas comprendre l'histoire.
Pour Shrek 4, je crois que Simidor s'est dévoué, non ? Courageux de ta part, vieux. Pour ma part, je reconnais sans honte m'en être cantonné au premier opus...
Sinon, regarder ce genre de merde, c'est quand même se donner une certaine légitimité pour les descendre a posteriori. C'est éviter de se la jouer comme certains "critiques avertis" qui adoptent ce genre d'attitude vis-à-vis de réalisateurs que nous, nous aimons ("Le dernier Spielberg ? Nan, pas vu, mais ça va sûrement être mauvais"). Bien entendu, pour les exemples que tu cites, Zug, on sait que ce sera lamentable avant même de mettre un pied dans la salle, mais parfois, parfois, on a de bonnes surprises. Qui aurait misé un kopeck sur Dragons avant de le voir ? Et au final, il se retrouve dans plusieurs de nos tops. Evidemment, ce genre de cas est bien trop rare...

SEB

Dans le même genre, Blindés aura été une bonne petite surprise. Pas un chef-d'oeuvre, certes, mais un petit film assez solide qui ne payait absolument pas de mine.

NICO Z.
Tu as raison Vendie, pour critiquer, c'est mieux d'avoir vu, question de légitimité. Si ça se trouve, c'était vachement bien Twilight 3 ! On rit, on rit mais c'est vrai que si je m'en étais tenu à la bande-annonce et à l'affiche teaser de Dragons, je ne crois pas que je me serai déplacé. Mais dans ce cas précis, c'est de voir les avis enthousiastes de nicco et d'autres sur Facebook ou le plus Tichou des forums qui m'a incité à le voir. Je me suis dit que si ces mecs dont je partage une grande partie de la sensibilité cinématographique disent que c'est une bombe, ça doit être pas mal. Et effectivement, c'était une putain de claque ! Alors certes, on peut "snober" un film (bien que dans les oeuvres nommées, on pourrait plutôt parler d'instinct de conservation des rétines !) mais impossible de louper une bonne surprise. Encore un avantage d'Internet, le partage immédiat et presque en temps réel d'avis à chaud qui peuvent orienter vers la découverte ou non d'un film.

PIERRE
Pour A Serious Man, je dois reconnaître que je me suis tâté. Le rythme est extrêmement languissant et on a de temps en temps l'impression que les Coen sont en sous-régime. Mais le final nous offre ce qui est peut-être la plus belle scène (et probablement la plus inattendue) de l'année. Je n'arrive pourtant pas à le mettre dans mon top 10. Curieux. Sinon, j'ai vu cette année ce que j'estime être le meilleur film des Coen Bros : Miller's Crossing.

GUENAEL
Oui, le meilleur Coen et juste un des trois meilleurs films du monde (et peut-être le meilleur, la première place étant très discutée).

NICO Z.
Pour moi l'un des trois meilleurs Coen, juste derrière Barton Fink et No Country For Old Men. Je serai curieux de lire la thèse qu'a faite Yannick Dahan sur les frangins. S'il y a moyen de se procurer ça, je pense que ça peut être intéressant (doux euphémisme)... J'ai vu tous leurs films sauf Ladykillers et même avec ceux censés être décevants, du moins ceux que la plupart des critiques considèrent comme leurs plus faibles oeuvres comme Intolérable Cruauté ou Burn After Reading (quelles barres de rire avec celui-là !), j'ai jamais été blasé, il y avait toujours un petit quelque chose dans la narration, la mise en scène ou autre chose qui générait de l'intérêt.

NICO B.
Jusqu'à très récemment je m'obligeais à "tout" voir (dans la limite du possible) car comme tu le dis Zug, rien de pire que de juger un film selon la cinématographie auquel il appartient sans le voir. Et jusqu'à preuve du contraire, le meilleur moyen pour expliquer en quoi certains cinéastes sont mauvais, c'est encore de voir leurs films. Mais je me suis aperçu avec le temps et l'expérience #mode_vieux_routard que plus le résultat de ta démonstration est éloigné de ce à quoi on s'attend au sein du public type du film visé, plus les oeillères se referment et les réactions se font violentes. Il est quasiment impossible d'avoir un réel débat de fond autre que j'aime / j'aime pas.
Du coup je délaisse un peu plus certains films et réalisateurs, car, quoiqu'en disent les noobs formés à l'école de l'amnésie, l'expérience permet de sentir plus ou moins quel film sera ou ne sera pas une perte de temps.
Par exemple je constate que je suis le seul à m'être tapé le Godard. Ça ne vous fait rien de snober le dernier grand créateur du Cinémâh ?

GUENAEL
Non ça me fait rien de louper un Godard. J'en ai déjà vu assez.

NICO Z.
Personnellement, non, cela ne me fait absolument rien !

NICO M.
J'ai passé plusieurs années de fac à me coltiner ça et ça. J'en suis ressorti dégoûté par les études, avec une grosse dépression nerveuse (je ne plaisante pas, l'Université m'a vraiment fait perdre toute motivation et toute joie de vivre).
Le trailer de Film Socialisme étant monté exactement de la même manière que ses précédents chef-d'oeuvres, écrit avec la même typo qu'à la grande époque et semblant déblatérer sur le même ton sinistre, j'ai préféré passer mon tour, n'ayant pas spécialement envie de replonger tête baissée dans un cauchemar du passé.

PIERRE
Je n'ai jamais vu de Godard. Je n'ai pas honte, je sais juste que je les regarderai un jour (p'tet pas le dernier, par contre !)

NICO B.
Tu sais que si on lisait sur un autre site ce que tu viens de dire on n'aurait pas finit de se moquer ?!
Sinon niveau "films du milieu", vous avez l'impression qu'il y a du mieux ? Au-delà de leurs qualités, des projets comme Hors-La-Loi, L'Autre Dumas, A Bout Portant, L'Immortel, La Horde devraient être encourageants, non ?

NICO M.

Je ne trouve pas. Il y a eu beaucoup de tentative de films français populaires, plus ou moins de genre, qui se voulait divertissants et pas trop cons. Mais cette année, je n'en ai retenu aucun. Pas même A Bout Portant qui, aussi sympathique soit-il, m'a paru nettement moins abouti que la très bonne surprise Pour Elle. Enter The Void et Rubber sont un peu des exceptions (tournés en anglais, dans des pays étrangers, une liberté de ton pas franchement fédératrice).
Je n'ai pas assisté cette année à des trucs porteurs comme 99 Francs, L'Ennemi Intime, OSS 117 ou Lascars, à la fois populaires et exigeants. J'ai même l'impression qu'il y a eu une certaine régression. Mais c'est un constat qui pourrait s'étendre à tous les cinémas cette année (pas ou peu de grosses claques, quasiment aucun film à gros budget qui tienne ses promesses, des grands réalisateurs qui ont souvent déçus, un cinéma de genre à la traîne, etc.).

Pour tout dire, j'ai été plus occupé cette année à scruter les sorties de 2011 qu'à m'intéresser vraiment aux films de 2010. En ligne de mire le prochain Terrence Malik (dont le scénario magnifique se lit comme un roman), le Tintin dont je ne peux toujours rien dire mais dont je n'en pense pas moins (je crois que le FBI contrôle tous mes faits et gestes) et bien sûr le futur Wachowski sur lequel j'ai teasé les membres de la rédac depuis... avril dernier (mon Dieu que ça passe vite !).

L'Autre Dumas
L'Autre Dumas


NICO B.
A part le Sfar, pour ma part j'ai été assez déçu. Sans évoquer les bouses comme La Rafle, L'Autre Monde ou Adèle Blanc-Sec, j'ai l'impression que ce cinéma atteint vite ses limites dès que les trois ou quatre gros filmakers qu'on a ne sortent pas un truc dans l'année. Pas facile de faire tourner un pays avec si peu de réa.
Niveau comédie par contre on a encore atteint un niveau exceptionnel : Thelma, Louise Et Chantal, L'Arnacoeur, L'Amour C'est Mieux A Deux, Camping 2... Même le lol, on a du mal.
Et je viens à peine de capter que Arcady a sorti un film cette année. Zut, le dernier m'avait laissé de grands souvenirs.

SEB
Faut dire, tu ne vois que des trucs qui puent le camembert périmé à 12 km.
Je n'ai vu qu'une seule comédie française cette année, la seule qui m'ait donné envie : Fatal. Et c'était pas dégueu. Ça avait même de la gueule par moments.
Sinon perso je trouve que c'est une année où les grands noms de la réalisation livrent des films mineurs, voir pas terribles, voir vraiment pas terribles : Eastwood avec Invictus (sympa, mais vite oublié), Jackson avec Lovely Bones (trop inégal à mon goût, même si certaines scènes éclaboussent pas qu'un peu), Scorsese avec Shutter Island (c'est mignon mais ça casse pas des briques), Allen avec Vous Allez Rencontrer Un Bel Et Sombre Inconnu (anecdotique de bout en bout).

Films Actu
Tatillon ce firewall


GUENAEL
Les français de cette année j'en ai pas vu des masses : L'Illusionniste, Rubber, Le Bruit Des Glaçons, A Bout Portant, Mammuth, Fatal et La Horde. A part les deux derniers, les autres étaient au moins bons mais c'est loin d'être des films fédérateurs, si on fait abstraction des acteurs. Le Sfar est une de mes grosses lacunes de l'année (avec Agora et A Single Man) mais je vais vite rattraper ça.

NICO Z.
Même si A Bout Portant est moins abouti émotionnellement que Pour Elle, ça reste du très bon divertissement. Un film délicieusement éreintant dans lequel on est tout de suite happé, moi j'en redemande toutes les semaines !
Dans l'ensemble c'est vrai que le ciné de genre en France a du mal à décoller. Je ne parlerai pas de régression mais plutôt de stagnation. Mais je pense que c'est un passage nécessaire, voire obligatoire, pour développer par la suite de plus en plus de projets ambitieux tant sur la forme que le fond. D'abord parvenir à fédérer un peu plus à chaque fois le grand public autour d'oeuvres populaires au plaisir basique. Oui, je sais, le genre de discours que l'on entend d'une année sur l'autre pour justifier le fait que ce genre de cinoche à du mal à se développer en France mais je pense que c'est la seule voie actuellement possible. Il faut multiplier les tentatives et parmi le lot, au milieu des bouses infâmes trôneront quelques pépites. Le cinéma de genre espagnol célébré comme le nouvel eldorado n'y échappe pas. C'est le haut du panier qui arrive chez nous. Pour un Orphelinat, un [REC] ou un Los Cronocrimenes, ils ont dû en voir passer des sales trucs. Donc l'espoir demeure (oui, je suis d'humeur optimiste). Et dans cette optique de pur plaisir élémentaire, le prochain film d'Eric Valette, La Proie (pas sûr que cela soit le titre définitif), avec Dupontel et Sergi Lopez, s'annonce bien agité (encore une cavale à en perdre haleine) donc plutôt pas mal !

Pas de grosses claques cette année ? Moins que l'année dernière, c'est certain mais dans leur genre, The Social Network ou Toy Story 3, c'était quand même pas mal ! C'est vrai, j'ai été un peu déçu par Invictus d'Eastwood mais faut pas oublier qu'avant il nous avait assené le monumental Gran Torino. Donc forcément après tout paraîtrait fade.
Ceux que j'attends avec impatience, pour l'instant, en 2011 ce sont Black Swan d'Aronofsky et True Grit des Coen. Pour le premier, j'ai quelques échos dithyrambiques du rédac chef de Versus et pour le deuxième, il m'a suffit de voir les sublimes images de la bande-annonce pour être conquis. Puis il y a Tintin, oui. Et c'est vrai que tu nous as bien teasés sur celui-ci et le prochain des Wachowski, Méro !

The Social Network
The Social Network, meilleur film de l'année pour la rédac, si évident qu'il ne fût quasiment jamais évoqué !


PIERRE
D'un autre côté, on aura quand même vu deux remakes américains de films français sortis cette année : The Tourist, reprise d'un Anthony Zimmer plutôt mou et Pour Elle (que je n'ai malheureusement pas vu), justement, refait sous le titre The Next Three Days. C'est assez parlant quant à l'intérêt que les observateurs étrangers, et en particulier hollywoodiens, montrent envers ce qui se passe en France. Peut-être que la présence de Depp en France alimente celui-ci, et vice versa (il joue dans The Tourist, après tout).
Sans oublier des perles récentes comme Un Prophète (meilleur film français depuis un sale paquet d'années, hands down) ou encore OSS 117 : Rio Ne Répond Plus, vraie comédie (j'entend par là où on rit à d'autres moments qu'aux trois vagues gags choisis pour illustrer la bande-annonce) servie par une réalisation sans faille et un casting en or.
Et curieusement, il s'agit dans les deux cas de films un minimum pensés par leurs créateurs, de films qui ne sont pas conçus uniquement pour être diffusés en prime-time sur TF1.

Toujours dans la catégorie "films récents du terroir", je regrette nettement d'avoir loupé Lascars (j'ai récemment vu le clip Le P'tit Bonhomme Vert qui m'a fait chialer de rire et m'a motivé à fond pour enfin le mater) ou encore, mais là, je parle de 2010 Gainsbourg (Vie Héroïque). Rubber m'a intrigué velu également, mais pas de sorties de par chez moi. Ce sera en DVD...
Par contre, à part La Horde à Gérardmer, je n'ai vu aucun des films que tu mentionnes dans ton post, nicco. Et je n'ai curieusement aucun regret par rapport à cet état de fait. Pour revenir sur La Horde, je dois dire qu'avec le recul, ça reste fort fort moyen. Très anecdotique. Quelque part, ça reste un film de fanboy sans réel talent. Le mot est lâché. Je crois que la vraie différence entre l'Espagne et la France réside d'abord dans une criante absence de talents du côté français (sauf exceptions, bien sûr).
Ha, j'ai oublié de citer les fêlés de chez Groland, qui m'avaient fait vraiment rire avec leur excellent Louise-Michel. Je râle d'avoir loupé Mammuth du coup.
Allez, on y croit, il y a quand même du talent quand on cherche bien.

NICO B.
Un dernier mot pour conclure ?

GUENAEL
The end ?

PIERRE
Il reste de la bûche ?

NICO M.
Il reste du jambon ?

NICO Z.
Globalement, c'était plutôt un bon cru en salles. Pas exceptionnel mais il y avait largement de quoi s'éclater. Comme dirait l'autre, pourvu que ça dure.
Côté critique française, l'émission Dans Le Film présentée par Rafik Djoumi avec Siri et Thoret est exactement ce que l'on est en droit d'attendre et que l'on n'espérait plus voir un jour. Une discussion passionnée et passionnante qui décortique la mise en scène tout en restant parfaitement accessible et compréhensible aux néophytes. Du pur nectar. nicco l'a très bien exprimé dans son dernier édito. Cette émission rachète presque à elle seule les inanités des autres. Et complète parfaitement, dans l'approche, le ton et le rythme, les Opération Frisson du père Dahan. Le concernant, j'ai un reproche à émettre à son encontre : il a passé trop de temps à descendre Machete au détriment d'une défense acharné de Scott Pilgrim et ce qu'il représente. Deux chroniques dans son Opé et l'émission quotidienne de Laurent Weil, ça fait beaucoup. Il aurait dû équilibrer la balance et profiter de la tribune offerte à une heure de grande écoute sur Canal pour être dithyrambique sur le film de Wright. Mais sinon, ses coups de Calgon sont toujours aussi jouissifs, intéressants et salvateurs : enfin une grande gueule pour secouer le cocotier d'une critique télévisuelle léthargique ! Mon souhait pour 2011 serait donc plus d'émissions dans le genre offertes par les deux anciens de la dream team. Et aussi plus de lecteurs pour la revue Versus qui galère comme c'est pas permis (c'était mon instant copinage éhonté !) !

GUENAEL
Une année tiède pour ma part, que ce soit au niveau des films et des séries. Pour les films, pas de surprises et peu de choses vraiment mémorables en dehors de la découverte de classiques. Un paquet de films gonflés à la 3D pour mettre un truc en plus sur l'affiche, et 2011 sera pareil (bientôt Jack Black chez les liliputiens en 3D. Magnifique!). Mais il y a de bonnes choses à venir. Hormis le prochain Eastwood, j'attends fébrilement True Grit des frères Coen et je m'en vais voir le plus vite possible The Green Hornet. Je pose même une option sur le dernier Harry Potter qui pourrait avoir un bon impact après les corrections du premier volet. Et bien sûr Tintin qui saura, je l'espère, me convaincre.

Pour les séries (c'est sensé être notre année cinéma mais ça compte aussi les séries), la débandade depuis 2005 se poursuit tandis que les Britons continuent de casser la baraque niveau originalité et justesse de ton (Sherlock en tête). AMC tient toujours la dragée haute avec un Walking Dead dont on a envie de voir la suite et qui corrige les quelques lacunes des comics, l'excellente saison 3 de Breaking Bad (et là je pèse mes mots) et la meilleure saison de Mad Men à ce jour. HBO revient avec Treme (toujours David Simon, toujours aussi dense et vrai) et dans une moindre mesure, Boardwalk Empire, qui est vraiment bien fichue même si on sent un peu l'opportunisme. A part ça, on a plus envie de se plonger dans ce qui a été fait auparavant que de découvrir de nouvelles choses.

Bonne année 2011 à tous les lecteurs de L'ouvreuse !

NICO Z.
The Walking Dead
! Darabont au pays des zombies et on en a pas encore parlé sur le site ? Mais qu'est-ce tu attends Simidor ?!

PIERRE
2010 aura été l'année où j'aurai claqué le plus de fric en DVD depuis que le support existe (et je le fais alors que le Blu-ray explose... ironique, tiens). Et quasiment uniquement pour des anciennetés ou des grands classiques. J'ai eu à nouveau huit ans devant Mon Voisin Totoro. J'ai été estomaqué par le final inouï du Grand Silence. J'ai enfin été témoin de la maîtrise de Spike Lee avec le tout simplement génial 24 Heures Avant La Nuit.
Mais si l'année a été riche en sensations cinéma, c'est bien davantage dans mon salon que dans une salle de cinéma que j'ai ressenti l'extase du cinéphile repu. Je n'en tire pas de constats alarmistes cependant. Je suis sûr que 2011 va nous apporter de grandes choses.

Bonne année 2011 à tous, lecteurs anciens et nouveaux. Qu'elle puisse vous apporter bonheur dans la vie comme sur l'écran que nous aimons tous tant.

NICO M.
BOUYAAAA !!!
Pas mieux .
(Pas eu le temps de parler de la fin de Lost mais bon, vu que les auteurs s'en foutaient aussi, je ne vais pas trop m'attarder sur cette vaste farce)

NICO B.
Bon, de toute façon plus personne ne lit, il est donc temps de mettre les chaises sur les tables, passer un coup de balai, laver les verres et tout éteindre. On ne réveille pas Macfly, il a l'air d'un ange quand il dort.

Merci de nous avoir suivi cette année, toujours plus nombreux (et ce n'est pas rien de le dire, les énormes finances du site ont été re-injectées dans la loc' d'un nouveau serveur) (tiens, d'ailleurs il pourrait nettoyer les verres).

Bonne année 2011, bons films, bonnes séries, et tout ce qui vous botte !

South Park
C'est reparti pour une grande année !



   

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