Red Hill

From dusk till dawn

Affiche Red Hill

Genre fondateur désormais moribond, le western n’en finit pas de ressurgir à intervalle plus ou moins régulier, proposant des incursions souvent saisissantes. Nouvelle preuve avec Red Hill, premier film de l’australien Patrick Hughes qui, ô surprise, ne sort pas en salles…


Le réalisateur issu du clip et de la pub démontre un talent ne demandant qu’à être confirmé mais qui déjà lui permet de rivaliser, sans rougir de la comparaison, avec le True Grit des frère Coen. Certes, Red Hill n’est pas aussi flamboyant et d’une profondeur équivalente mais certaines séquences sont vraiment impressionnantes de beauté et le sous-texte symbolique discrètement intégré pour emporter l’adhésion.

Plus qu’à The Proposition de John Hillcoat auquel l’horrible jaquette de ce direct to DVD renvoie d’emblée visuellement, et avec lequel il partage une âpreté et uen sécheresse du propos et de la forme, le film de Patrick Hughes est à rapprocher des œuvres de Greg McLean (Wolf Creek et Solitaire aka Rogue aka En Eaux Troubles (sic)), ici présent en tant que producteur. Une influence indéniable et à ce point prégnante qu’elle ferait douter de la paternité du film et de la réalité du patronyme du réalisateur que l’on pourrait prendre pour un pseudo. Car aussi bien fichu soit son court-métrage Signs (histoire sans paroles d’un amour naissant entre deux salariés depuis leur poste de travail et immeuble respectifs à l’aide de pancartes en format A4), il ne laissait présager la maîtrise affichée par Red Hill.
Situé dans le présent, l’environnement désertique de l’outback australien et de cette petite bourgade de Red Hill est pourtant propice au surgissement de motifs westerniens. Les forces de l’ordre portent le stetson, des chasseurs traquant la bête effrayant et attaquant les troupeaux avoisinants sont d’authentiques cow-boys voire même trappeurs, les véhicules motorisés vont laisser place aux chevaux, les rues poussiéreuses sont désertées à la tombée de la nuit… Autant d’éléments instillant une transformation progressive de la forme et de la tonalité du métrage.

Red Hill
 

Cherchant à retrouver une certaine tranquillité afin que sa femme termine sa grossesse dans un cadre plus calme que celui de la grande ville, Shane Cooper débarque donc à Red Hill en tant que nouvel adjoint du shérif. Les évènements seront donc suivis de son point de vue, se confondant avec celui du spectateur découvrant au même rythme les habitants et ses collègues.
Les vingt minutes d’exposition sont ainsi d’une rare efficacité, permettant de définir avec une économie d’explications littérales tous les enjeux à venir. De la réunion dans l’église de la ville où les partisans d’une évolution de la ville s’opposent au chef de la police, garant d’un passéisme irrespectueux de l’espace naturel (au diable l’interdiction d’arpenter un site protégé !), de ce mannequin aborigène exposé derrière une vitrine ou de l’oubli de son arme de service par Shane, autant d’éléments qui auront leur importance dans le récit sans le parasiter.

Le fait que Shane, pour son premier jour dans ses nouvelles fonctions, se retrouve avec un étui vide au ceinturon éclaire sur son rapport à la violence qui évoluera conjointement au personnage. A peine commencera-t-il à se familiariser avec cette ville que tout va s’emballer à l’annonce télévisée que Jimmy Conway, aborigène condamné pour le meurtre de sa femme et avoir tué un policier de Red Hill, s’est évadé du pénitencier du comté voisin. Aussitôt, c’est le branle bas de combat parmi le shérif et ses hommes qui s’équipent en armement lourd et organisent le quadrillage de la ville pour empêcher Conway d’arriver jusqu’à eux et poursuivre son œuvre en les tuant tous. 
 

Red Hill
 

Unité de temps (tout se passe durant les première vingt quatre heures de Shane dans la ville), de lieu (on ne quittera jamais Red Hill et ses lieux emblématiques), tout est fait pour exacerber les tensions. Débutant comme un polar rural mâtiné de thriller et une point de survival, le film bifurque allégrement et superbement vers un film de siège à la John Carpenter où fantastique et western s’entremêlent. Une ambiance surnaturelle parfaitement figurée par Jimmy Conway, ange de la mort défiguré et mutique qui semble invincible. Véritable machine à dessouder de l’uniforme et particulièrement implacable, Conway est un personnage impressionnant durablement la rétine, Patrick Hughes multipliant les plans mettant en valeur cette silhouette en cache poussière se dessinant dans l’obscurité. Un boogeyman iconique à souhait.
Mais ce qui fait de ce film un des plus appréciable du genre est la lutte territoriale qui se dessine (dès la première séquence montrant des animaux apeurés par ce qu’il se cache dans le lointain) et comprise aussi bien dans l’action de Conway que dans les éléments épars et semblant déconnectés du récit. Ce thème de la confrontation entre les représentants de l’urbanité et de la ruralité, du profane et du sacré, du civilisé et du sauvage structure les films de Greg McLean et se voit parfaitement digéré par Hughes.
Encore un grand film, après Triangle et Black Death de Christopher Smith, à découvrir dans votre salon. 

7/10
RED HILL
Réalisateur : Patrick Hughes
Scénario : Patrick Hughes
Production : Al Clark, Kate Menzies, Patrick Hughes, Gred McLean…
Photo : Tim Hudson
Montage : Patrick Hughes
Bande originale : Dmitri Golovko
Origine : Australie
Durée : 1h35
Sortie française : 20 juillet 2011 en DVD




   

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