La semaine normale

Une critique dispersée

La semaine normale

Du lundi 12 au dimanche 18 septembre 2011, L'ouvreuse a essayé de tuer son site. Un suicide éditorial d'une semaine, durant laquelle nous avons produit 24 articles inspirés des modèles les plus régulièrement croisés sur les sites consacrés, dit-on, au cinéma.



A LA PETITE SEMAINE
Durant sept jours, une information à peine digne d'un forum de fans donnait lieu à des spéculations sans intérêt, mais source infinie de clics. Nous sautions à pieds joints sur la moindre polémique d'apéritif, enfumage classique permettant de ne jamais aborder les sujets plus complexes. Nous sommes allés loin dans le néant, sans nous douter qu'on n'avait qu'entrebâillé la porte.

Nous nous sommes délectés de cette mode du titre interrogatif, qui sous couvert de vouloir amorcer un débat qui n'aura jamais lieu ne fait que générer perpétuellement la suspicion sur une cinématographie, un genre, un courant : comme demander l'air de rien si une série comique est homophobe, et tant pis si elle fût la première à montrer un mariage lesbien. Ou alarmer le spectateur sur le possible risque d'un révisionnisme par le cinéma hollywoodien, grosse tendance de ces dernières années, dont vous trouverez des exemples ici, ici et là, et là, et à laquelle nous avions déjà apporté une importante contribution. Que l'on se pose la question en invoquant sommairement le hors-champ historique cher à Youssef Ishagpour, pourquoi pas si l'on a du temps à perdre. Qu'elle ne soit réservée qu'aux films de Science-Fiction et aux farces américaines laisse stoïque quand à sa pertinence et à la finalité de la démarche.

Revisionims
 



Qu'avons-nous fait d'autre durant cette abyssale semaine ?
De l'infommercial
, évidemment ! Contenu fourni clé en main, admirable d'efficacité pour le référencement, toujours très apprécié par les fournisseurs de faux privilèges, et surtout personne ne vous en voudra !
Du surf sur le buzz du moment
, sans aucune valeur ajoutée, qui n'a pas pour raison d'être d'informer le lecteur sur un évènement, mais de l'informer que son site est au fait dudit évènement.
Une dérive égotique toute naturelle dans la blogosphère, exacerbée sur le plus gros des blogs post-ados : Je, je, moi, je. Forcément NOUS voulions en être.
Comme tous les professionnels, nous nous sommes estomaqués qu'un film s'apprêtant à sortir en salle possède une affiche.
Une critique développant sur deux feuillets un verbiage précieux sans jamais parler réellement du film ? Hell yeah. Et pourquoi ne pas parler du film ? Parce qu'on ne l'a pas vu. Qui a vu qu'on ne l'avait pas vu ?

Traduire un article d'un site étranger
sans le sourcer, cela gêne qui ? Pas nos portails cinéma. On pourrait piocher quantité d'exemples n'importe où, alors que cela semble si facile d'indiquer une source sur les sites des américains révisionnistes.
Pour donner plus de chance à ce vol d'être repris par nos confrères, nous l'avons bien évidemment adapté à leur palais : ayant constaté que dès qu'il est question de 3D, les notions de math n'ont plus vraiment cours (quand ce ne sont pas les bases mêmes de la représentation) nous avons très simplement ajouté "à cause de la 3D" au titre de l'article original. Et ainsi personne pour signaler qu'au contraire, malgré les tarifs des films 3D toujours plus nombreux appliqués au prix moyen, la "hausse des prix annuelle est dans la lignée des augmentations au cours des cinq dernières années".

Movie critic
 



TOP OF THE POOP

Penchons-nous maintenant sur l'édito. Premier article de cette série, donc vierge de tout soupçon, il n'engendra aucune réaction ou contradiction sur Twitter, ici même ou tout autre lieu "social", contrairement à nos éditos habituels étayant autant que possible des discours moins formatés. Il aura suffit cette fois de sortir le marronnier du "cinéma US qui tourne en rond ma bonne dame" pour que l'insipidité de ces deux paragraphes passe comme une lettre à la Poste. Histoire d'y aller gaiement, nous l'avons fait suivre d'un autre indémodable poncif, encore plus d'actualité : les réussites françaises de cette rentrée (Les Bien-Aimés, La Guerre Est Déclarée) doivent leur fraîcheur à… la Nouvelle Vague ! Car s'inspirer d'un mouvement artistique vieux de cinquante ans, ce n'est évidemment pas tourner en rond. Mieux : c'est frais.

De telles tartes à la crème cinéphiles, idéologiquement orientées, reposant sur les mécanismes de dénigrements et de flatteries bien connus des hommes politiques, devraient choquer le lecteur faisant preuve d'un minimum de sens commun. Ou tout simplement de mémoire. Pourtant, on l'a vu, elles s'étalent tous les jours sous nos yeux dans une douce indifférence.
Le but de cette "semaine normale" était donc de nous balancer joyeusement des tartes à la crème à travers la tête. Puisqu'il est pratiquement impossible de discuter de ceci avec les intéressés (nous avons essayé, et subi chaque fois les calomnies d'usage), nous nous sommes astreints à la pratique de la pâtisserie éditoriale, pour voir.

Vous l'aurez deviné, ce que l'on constate en premier lieu est l'augmentation de l'audience. Prévisible autant que mécanique : ces articles demandent moins d'effort, voire pas du tout, n'exige aucune originalité ou recherches spécifiques. Il est donc aisé d'en publier dès que bon vous semble, mettant à jour vos flux RSS et permettant à de nouveaux internautes de relayer les liens. Or si la technique permet de voir son audience tripler en deux jours, celle-ci plafonne très vite. Les articles racoleurs, opportunistes ou faussement cinéphiles n'apportent pas de nouveaux lecteurs réguliers, seulement des internautes rameutés par la promesse d'un lien facile, peu impliquant ou réconfortant.

A quelques exceptions près nous pensions nos "articles" suffisamment grotesques et gavés de contre-vérités pour ne pas faire illusion très longtemps. C'était peut-être sous-estimer nos modèles tant certains papiers parurent crédibles au point d'être retweetés plusieurs fois, notamment par un élu.
Grotesque était également le traditionnel follow friday, consistant à conseiller des comptes sur Twitter. Pas cons, nous avons fait comme tout le monde de la pub à ceux qui en avaient le plus besoin. Nous ne savons pas si MK2 et Paramount ont gagné de nombreux followers grâce à nous, mais maintenant ils nous suivent. C'était donc ça.
On passera sur les nombreux tweets retweetés grâce à un savant mélange de flagornerie et de mots-clés quand des liens vers des analyses ou travaux universitaires sont royalement ignorés. La prochaine fois nous twitterons durant les projections et partagerons nos avis en 140 signes dès le générique sur l'écran. #likeaboss

Ce qui nous laissa également dans l'expectative est la réception de l'inévitable "top 10", procédé bouche-trou ne servant strictement à rien. Inclure Appelez-Moi Johnny 5 et Massacre En Dentelles aux côtés de M Le Maudit dans un top des chefs-d'œuvre oubliés nous semblait suffisamment trollesque pour souligner le ridicule d'un classement fatalement restreint mais à la mise en œuvre péremptoire. Rien à faire, encore une fois c'était crédible.

La semaine normale
 

 

La semaine normale
Détendez-vous, le n°1 de ce top était Démolition D'Un Mur



QUAND SOUDAIN, L'ANGOISSE

N'importe quel poisson d'avril ou fake aurait permis d'illustrer une grande partie de tout ceci. Si nous tenions à faire perdurer le masochisme durant sept jours pleins, c'était pour nous rapprocher autant que possible du ressenti des chroniqueurs habitués à ces lignes éditoriales, qu'elles soient choisies ou subies. Car si on a plus ou moins vu les conséquences sur les lecteurs d'un gavage caricatural, qu'en est-il des rédacteurs ?

Au début de cette semaine mainstream, nous prenions franchement notre pied.

Nicolas Marceau : "C'est clairement marrant : faire dans le racolage grossier tout en instillant des idées moralisatrices puantes, agrémenter les photos de jeux de mots minables, analyser du vide en faisant mine de pas comprendre, poser des questions en vrac sans prendre la peine d'y répondre, aligner les idées sans fil conducteur pour créer des amalgames... Non sérieux, c'est cool à faire."

Une impression que partage Nicolas Bonci : "Au début, c'est vraiment relax car tu te fiches de ce que tu racontes, tu n'es pas impliqué intellectuellement, donc si on vient te contredire, ce qui est rare vu que tu dis des fadaises dont tout le monde se fout ou qui sont assimilées depuis longtemps, pas grave. Et qu'est-ce que c'est facile de remplir des feuillets de la sorte !
J'ai bien aimé faire la critique de L'Apollonide sans l'avoir vu, mais ce n'était rien comparé au kiff avec La Guerre Est Déclarée, que j'avais vu mais dont je voulais dire excessivement du bien, ce que je ne pouvais pas faire avec ses évidentes carences. Il a juste suffit de parler de tout, sauf du film. Filer des métaphores précieuses, faire des rapprochements sans logique, balancer des slogans envoyant paître les rudiments de la dramaturgie. Bref, tout est vraiment plus facile quand on est libre de dire n'importe quoi.
"

Sébastien Le Gallo : "La première chose qui frappe quand on rédige un article pour cette "semaine normale", c'est qu'écrire pour un site "branché" ou dans un magazine de cinéma est à la portée de n'importe quel péquin venu. On se rend compte qu'un papier s'écrit facilement et en vitesse. Pas besoin de réfléchir, il suffit de placer un certain nombre de mots-clés, de ramener tout sujet à une préoccupation tendance, caler deux-trois références inattaquables, et hop, en deux-deux c'est réglé."

Pierre Remacle : "Je dois avouer qu'en tant que Belge, rédiger l'article sur Tintin a été un exercice particulièrement savoureux."


Tout ça, c'était les premiers jours. Le temps passant, la limonade n'était plus la même…

Nicolas Zugasti : "Au départ tu es malgré tout un peu hésitant. Même si c'est pour montrer l'absurdité, les aberrations concoctées par la sphère ciné, tu vas aussi bien dénaturer tout le boulot fait jusqu'ici que l'exigence intellectuelle que chacun s'est construite. Donc, tu commences doucement à briser les carcans, à produire des trucs que l'on renie d'habitude. Et puis, comme une espèce de libération, tu fais le grand saut. Dans le vide. Le néant. Et plus tu te laisses aller, plus tu chutes dans la médiocrité, les raccourcis, les amalgames, les interprétations poussives, etc., plus finalement tu prends du plaisir. Tu oblitères sciemment ta propre conception du ciné, la façon de l'aborder et d'en parler et ça te fait marrer ! C'est à la fois aussi jubilatoire qu'atroce."

Nico B. : "Après avoir torché le truc sur Gibson, je n'en revenais pas à quel point il est excitant de faire semblant de polémiquer en pompant du vide ! Du bonheur ! Mais c'est comme jouer un rôle, à force tu commences à ressentir le malaise de ton personnage. Au début je m'éclatais, et même si ça me faisait mourir de rire toutes les horreurs qu'on produisait, je ressentais une sorte de mal-être. Pas un problème de conscience, faut pas charrier, mais, je ne sais pas, peut-être inquiet de constater qu'il est si facile d'être au bord du gouffre et de s'y laisser plonger. C'est le côté obscur qui ronge !"

Critic
 


Nico Z. : "Tu te rends compte que c'est tellement facile de céder aux plus bas instincts (toutes proportions gardées), à creuser de plus en plus profond, à t’ensevelir de merde. Ecrire toutes ces inepties était hyper facile. Aucun effort à fournir. Suffit juste de rebondir sur une info, un buzz, et tu laisses venir, tu laisses couler, tranquille. Pas d'effort, si un peu quand même. Parce qu'il faut essayer d'adopter le style, la manière de "penser" de tout ce que tu honnis normalement.
En laissant émerger ce côté obscur, ce symbiote, cette part sombre que l'on a toujours tenté de contrôler, on ressent une excitation incroyable mais aussi une certaine angoisse : sera-t-on capable de la réfréner, de l'enfouir à nouveau ? Bien sûr que oui, même si l'expérience dure plus longtemps que prévu. Mais quelque part, ça fera bizarre de quitter ce nouveau rôle, cette nouvelle peau. Ceci dit, je pense que l'expérience n'aura pas été vaine en termes de progression individuelle. On a vu de quoi on était capable si on déchaînait nos plus vils instincts (même si je crois que l'on peut faire bien pire !) et ce n'était franchement pas beau à voir. Mais à lire, quelle rigolade !
"

Seb : "A la base je faisais ça pour rire, et juste pour rire. Pas de concept artistique super poussé ou de besoin de prouver quoique ce soit. Alors au début oui, on rit grassement, aux articles comme aux réactions qu'ils génèrent. Jusqu'au moment où on se rend compte que ça devient moins drôle, voire plus drôle du tout. Ce qui n'était qu'une blague potache finit par devenir autre chose qu'une blague potache. Le mot "happening" est revenu à plusieurs reprises. Pour ma part, je parlerais plus de "jeu de rôle" (au sens où on l'utilise en psychologie / psychanalyse). On joue un rôle donné dans une situation donnée. En l'occurrence ici on devient ce qu'on exècre. On sent certains lecteurs de plus en plus hostiles. On voit certaines portes qui s'ouvrent et certaines courbes qui montent. Et peut-être qu'au bout d'un certain temps, on comprend un peu mieux ce qui pousse certains journalistes à avancer dans le sens où ils avancent."

Nos petits amusements nous ont donc amenés vers une conséquence assez inattendue : la rédaction sombra dans une inextinguible déprime au bout de deux jours, un sentiment de torpeur mêlé de spleen avait très vite remplacé l'hilarité et l'envie.

Nous ressentions l'angoisse telle que la définit Kierkegaard, tout simplement.

"Kierkegaard prend "l'angoisse" comme fil conducteur, dans Le concept de l'angoisse, pour explorer de quelle manière la liberté s'atteste elle-même à l'existence singulière, de façon paradoxale, seul un être libre pouvant faire l'expérience de l'angoisse - expérience de la liberté comme fardeau et obstacle. L'angoisse est le "vertige du possible", on la ressent lorsque l'on est confronté à une infinité de possibilités et qu'il faut faire un choix. L'angoisse, contrairement à la peur, n'a donc pas d'objet déterminé. On a peur "de quelque chose", mais on n'angoisse pas "de quelque chose". L'angoisse est indéterminée, elle met en branle l'ensemble de l'existence.
Heidegger dira que l'angoisse met en branle l'ensemble de l'être, et nous fait apercevoir le néant.
"

La semaine normale
 



MELANCHOLIA

Rédacteur le moins actif de cette huitaine, Nicolas Marceau évoque avec recul la dawa mis par les Ouvreurs :

"Bien que n'ayant pu livrer qu'un seul article pour cette semaine expérimentale (et Dieu sait si je tenais à lancer un concours "Gagne ton poids en Pitch Pasquier avec L'ouvreuse et Tintin"), j'ai pu constater que s'il est exaltant de rédiger un article racoleur plein de raccourcis nauséabonds, mes collègues ayant pondu le plus d'article cette semaine sombrèrent très vite dans les tourments de l'angoisse. Voilà qui rassure quand à la ligne éditoriale du site ! On n'est pas prêt de faire la pute ou de renier nos principes (oui, je risque, comme pour mon article sur le dernier Potter, d'attendre encore un peu avant de livrer un texte sur Melancholia, quitte à ne plus du tout être dans l'actu pour privilégier le contenu et le recul).
Demeurer un morpion qui démange et obliger le lectorat à remettre en question ce qu'il lit (y compris de notre part) est mon souhait le plus cher, cette semaine en a été selon moi une intéressante tentative de démonstration.


Si le happening est vite devenu flagrant, je reste toujours satisfait par le fait que nos lecteurs habituels aient rapidement saisi la démarche, quitte à en rajouter dans les commentaires. Cela prouve que c'est encore ceux qui lisent vraiment L'ouvreuse qui la comprennent le mieux.

Quand à ceux qui ne font que la lire en biais, c'est, il faut bien l'avouer, un régal de constater le fossé entre une démarche parodique et la réception premier degré de la chose. Car on pourra bien taper sur une presse qui raconte n'importe quoi, celle-ci semble finalement répondre à une demande de la part d'une partie du public.

Un public / lectorat qui ne remet pas toujours en question ce qu'on lui raconte et relaye l'info avec le plus grand sérieux (la réception de l'article sur South Park est à la fois géniale et inquiétante). Je retiens d'ailleurs le commentaire de Weir se demandant, au milieu de ce fatras d'articles, si celui sur Bref était sérieux ou non.

J'en suis encore à me demander si certains commentaires étaient pour rire (on a vraiment rameuté des fans de Twilight ? Fredator pense qu'on est potes avec Lucas ?). Comme quoi l'ironie peut se retourner contre nous et nous tendre un miroir déformant assez perturbant.


Commentaires
 



Finalement, même notre démarche peut être critiquable et mise en abîme : en faisant n'importe quoi (consciemment), on a créé une inquiétude, on a explosé nos stats, ça a fait parlé, jasé, énervé, comblé. Que certains lecteurs se soient agacés par la durée de la blague (les plus courtes sont certes les meilleures) ne doit pas faire oublier que c'est précisément sa durée qui la rend inquiétante, qu'elle génère le plus de réactions ("
Mais quand vont-ils s'arrêter ?") et le plus de clics (besoin de se tenir au courant, revenir le lendemain pour voir où en sont les choses). Et malgré le fait que certains soient conscient de la farce, ils ne peuvent s'empêcher de s'engouffrer dans la brèche pour donner leur avis sur le faux débat (voir les commentaires sur le prochain Batman).
On s'aperçoit donc qu'il est très facile d'appuyer sur les boutons qui vont enclencher certaines réactions. Et je ne peux que renvoyer nos lecteurs à l'article de Rafik Djoumi intitulé Lendemain de cuite.
"


Attachés de presse
Les esprits indépendants savent toujours où sont leurs priorités.




BREF. ON S'EST SOUILLÉ.
L'expérience n'est pas inédite, Chronic'Art s'y était essayé avec brio en 2008 et avait déjà montré comment l'information la plus farfelue peut se propager pour peu qu'on sache la mettre en contexte. Même Morsay s'y met, dans un monumental happening, surjouant lui et ses amis la débilité profonde afin d'exciter son secteur cible (et non, nous ne nous moquerons pas des confrères qui ont mis trois semaines à percuter le fake).
Notre ambition sur cette semaine était moindre. Partisans du slow press et persuadés depuis nos débuts que le Net n'a aucun intérêt à perpétuer les erreurs qui ont mené la presse cinéma papier dans l'état où elle se trouve, cette "semaine normale" devait avant tout pousser jusqu'à l'absurde les méthodes d'un milieu ayant sacrifié les avantages d'un support sans contrainte de temps et d'espace, aux besoins économiques moindres, aux possibilités éditoriales infinies, pour une course hystérique de jeté de tartes à la crème.


La Croisette, mai 2011.


Reconnaissons qu'il était un brin naïf d'espérer qu'Internet mette fin aux us et coutumes du métier tels que les guerres de chapelles, les hiérarchisations des genres et cinématographies ou encore le traitement quasi profane globalement toléré dans les pages cinéma comme l'explique Michel Ciment (qui a encore les oreilles qui sifflent suite à ses odieux propos sur la propension à l'égomanie de la blogosphère, bien plus violents que toute suspicion de révisionnisme, nous sommes d'accord).
Conseillons à Michel Ciment de se mettre à Twitter, lieu numérique, cinéphile et féérique où il est possible de moquer, insulter et débiner ses confrères en toute impunité. "Connards" et "puceaux", no soucy gros, ça passe. Mais "caractère inflationniste de l’égomanie", comment t'abuses Michel.
Les twittos, halala, tant à dire… Une fois on en a vu un accepter une critique, il a voulu la publier.

Mathilde, twittos
 


Pendant une semaine nous avons tenté de jouer aux plus malins, et finalement nous nous sommes retrouvés comme des hippies sous LSD jouant avec leurs excréments. Nous avons vu l'Indicible. Nous avons nargué la Corporation du haut de nôtre arrogance. Et pourquoi ? Pour faire rire trois puceaux et un vieux con ?
Mais le Cinémâh, lui, il avançait. Et oui. Les machos fuyaient Hollywood en se piétinant dans la panique, les rescapés se lacéraient le visage pour n'avoir pas pu constater plus tôt leur effarante médiocrité révélée par l'auteur de La Boum. Hollywood ! Hollywood putain ! Que deviens-tu ? Pourquoi es-tu nazi à ce point ? Heureusement que des blogueurs, des Maîtres geeks indépendants te tiennent par les couilles, et viens pas nous les casser si ces Maîtres  IN-DÉ-PEN-DANTS ont autant de casseroles au cul niveau compromission et corruptions qu'un responsable de l'UMP.
Et Anne Hathaway mettait son costume TRÈS MOULANT de Catwoman. REP A SA LES MACHOS.

Ce maelstrom de flux mettant au même niveau presse tabloïd et critique cinéma, cette grande bouffe numérique a forcé l'acceptation d'un lecteur réduit à la condition de bourricot uniquement bon à cliquer. Lire, pourquoi pas. Comprendre, faut pas déconner. Prendre son lectorat pour un troupeau d'imbéciles est chose commune, tellement commune que plus personne ne s'en offusque. Mais amusez-vous à pointer du doigt travers et lacunes de ce que les publicitaires (les publicitaires !!) ont nommé "blogueurs influents", essayez de moquer avec sarcasmes les contradictions et logiques corporatistes de confrères critiques, et vous serez instantanément la lie de la profession digne d'un parti d'extrême droite. Retenons la leçon faite à Michel : Calomnies, oui. Débat critique, non.

Les Cahiers du Foot
 


Alors certes, on peut régler la question à la manière de Pierre Murat, c'est-à-dire en faisant mine de s'intéresser au débat pour mieux le balancer par la fenêtre en extrêmisant le propos : de la critique des médias, l'auguste en fait un autodafé. Tout simplement.
"On les accuse de tout : d'être "parisiens", autrement dit intellos (la pire insulte !), donc bornés ; mais aussi incultes, prétentieux, lâches, snobs, paresseux." C'est très courtois à Pierre Murat d'écouter Mme Michu. Restons-en aux poncifs, toujours, et évitons le fond, encore.

Stars
Vincent Maraval, fondateur de Wild Bunch



Le fond, nous l'avons touché.
Face à cette agitation aliénante, ce siphon de la nouveauté qui demande toujours plus de papiers en toujours moins de temps, nous avons l'air beau avec nos délires de moines-reporters.
Alors qu'il est toujours plus compliqué de parler concrètement de la presse cinéma et de la critique, de ses écoles, de sa place dans le quotidien, de ses aspects politiques, des facteurs socio-culturels qui formatent les émetteurs comme les récepteurs, des raisons économiques qui la façonnent, la technologie de son côté commence à mettre en place des outils qui tôt ou tard rendront caduques les business models actuels. Ceux de la presse papier et télé péniblement appliqués au Net…


Si vous désirez évoquer tout ceci avec nous de vive voix avant que l'on retourne dans notre monastère, n'hésitez pas à venir nous rencontrer au colloque "Les nouvelles formes de la cinéphilie" durant le festival Lumière de Lyon du mardi 4 au vendredi 7 octobre.

Nous y offrirons un pichet à celui ou celle qui trouvera quel critique est l'auteur de cette tirade admirable qui, peut-être, condense tout ce qui vient d'être dit :

 "C'est un très bon film, objectivement. Mais ça n'engage que moi."



(Réponse : Jean-Baptiste Morain, Les Inrocks)


LES ARTICLES DE LA SEMAINE NORMALE

- Edito
- Tournage : The Dark Knight Rises
- Les Bien-Aimés
- Tournage : Les Vengeurs
- La Guerre Est Déclarée
- A quoi joue Mel Gibson ?
- De l'influence néfaste de South Park
- Pirates Des Caraïbes : La Fontaine De Jouvence en Blu-ray 3D, Blu-ray et DVD le 21 septembre
- Les prix des billets continuent de grimper à cause de la 3D
- L'Apollonide (Souvenirs De La Maison Close)
- J'ai chiné avec Morsay à Porte de St-Ouen
- Du nouveau dans le casting de The Dark Knight Rises ?
- Avatar : sources et inspirations
- Bref. J'ai vu le renouveau de la fiction française
- Top 10 : Chefs-d'œuvre oubliés
- Les stars ne pensent-elles qu'au SEXE ?
- Peut-on encore faire confiance à George Lucas ?
- On Ne Choisit Pas Sa Famille : hommage ou plagiat ?
- Meneuse de revue #35
- Imitation of life
- Top 5 : Jesus superstar !
- Footloose : une affiche et une bande originale !
- 5 bonnes raisons d'attendre Twilight 4 la bave aux lèvres
- Tintin : les dangers de la culture transgénique

 




   

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